Dans l’univers très codifié du shoot’em up, il est rare de croiser un titre qui ose bousculer les conventions avec autant de personnalité. Mamorukun ReCurse! sur Nintendo Switch est de ceux-là. Développé à l’origine par G.rev – un studio japonais reconnu pour des classiques comme Under Defeat et Border Down – et restauré par TAKE×0FF pour cette version, ce shoot’em up « pédestre » sorti en arcade en 2008 profite d’une seconde vie bien méritée. Entre son charme kawaii et ses mécaniques de jeu singulières, on se demande s’il parvient à séduire au-delà de son statut de perle confidentielle.
Une histoire d’outre-tombe
G.rev n’est pas un inconnu pour les amateurs du genre. Le studio a construit sa réputation sur des shooters exigeants et inventifs. Avec Mamorukun ReCurse!, il nous plonge dans une intrigue pour la moins originale : à la suite d’un accident de voiture, le héros éponyme Mamorukun se retrouve coincé entre le monde des vivants et l’au-delà. Accompagné d’une galerie de personnages hauts en couleur (ils sont sept au total, incluant les anciens DLC), il doit repousser les forces des ténèbres qui menacent de submerger le « Netherworld ». Si l’histoire, servie par de courtes saynètes en anglais, n’est pas le point central, elle offre un contexte amusant à l’action et une raison d’enchaîner les niveaux.
La grande force de Mamorukun ReCurse! réside dans son approche singulière du shoot’em up. Ici, pas de défilement automatique : le joueur contrôle lui-même le scrolling en avançant ou en reculant son personnage, à la manière d’un Guwange. Cette liberté est néanmoins encadrée par un chronomètre, garantissant un rythme soutenu et empêchant toute forme de passivité. Mais la véritable innovation repose sur la « Curse Bullet », ou balle maudite, une attaque secondaire d’une grande profondeur tactique. Elle permet d’effacer les projectiles ennemis à l’écran, de maudire les adversaires les plus coriaces pour leur infliger des dégâts progressifs tout en augmentant leur agressivité — et donc les points qu’ils rapportent —, et enfin, de créer un cercle au sol qui, une fois traversé, décuple temporairement la puissance de feu du joueur.
Maîtriser ces différentes fonctions est essentiel pour survivre et viser le haut du classement. Le système de scoring, basé sur le risque/récompense, est particulièrement bien pensé. On apprécie aussi la diversité des sept personnages jouables, chacun disposant d’un type de tir et d’une difficulté qui lui sont propres.
Maniabilité moderne et contenu riche
Cette version ReCurse! se distingue par son souci d’accessibilité. L’ajout majeur est la maniabilité twin-stick, qui permet de déplacer son personnage avec le stick gauche et de viser dans toutes les directions avec le droit. C’est une révolution qui fluidifie énormément l’expérience et modernise le jeu avec brio. Les puristes peuvent bien sûr retrouver le contrôle originel, où il fallait relâcher le tir pour réorienter son arme.
Côté contenu, le package se montre généreux sans nécessiter de DLC. Trois modes principaux sont proposés. Le Mode Arcade reste fidèle à l’expérience originale et s’adresse avant tout aux amateurs de scoring. Le Mode Histoire, plus narratif et exigeant, permet d’alterner entre cinq personnages, mais la perte de l’un d’eux le rend indisponible jusqu’à la découverte d’un objet de résurrection. Enfin, le Netherworld Action Mode, ou Mode Défis, vient ajouter une dimension plus brutale, pensée pour pousser la maîtrise du jeu dans ses derniers retranchements.
La durée de vie est excellente pour un shoot’em up. Les niveaux sont courts, mais la volonté de les rejouer pour améliorer son score, débloquer tous les succès, compléter la galerie d’illustrations et découvrir les costumes alternatifs est très forte.
Des qualités techniques en demi-teinte
Si le gameplay est un sans-faute, le bilan technique est plus mitigé. Les graphismes, bien que propres et colorés, accusent leur âge. Le titre est né sur le système SEGA Naomi et cela se voit : l’esthétique « Dreamcast » a du charme, mais les décors manquent parfois d’inspiration et paraissent un peu vides. Le plus gros défaut réside dans la lisibilité : dans le feu de l’action, il peut être difficile de distinguer la hitbox de son personnage au milieu de la myriade de projectiles.
Heureusement, la bande-son est une franche réussite. Les thèmes sont énergiques, entraînants et collent parfaitement à l’action effrénée. Ils contribuent grandement à l’identité unique et au rythme endiablé des parties.
Conclusion
Mamorukun ReCurse! est une excellente surprise. Ce shoot’em up pédestre séduit par son identité forte, son système de jeu profond et son accessibilité modernisée. S’il souffre d’un vieillissement graphique et de quelques problèmes de lisibilité, son gameplay malin, sa bande-son entraînante et la richesse de son contenu en font un titre attachant et très rejouable. C’est une porte d’entrée idéale pour les néophytes et un challenge de choix pour les vétérans. Sur Nintendo Switch, c’est une pièce maîtresse à ajouter à toute ludothèque d’amateur de shooters.
LES PLUS
- Gameplay de "shoot 'em up pédestre"
- Mécanique de "Curse Bullet" excellente, offrant une grande richesse tactique
- Ajout réussi des contrôles twin-stick, modernisant l'expérience
- Contenu très riche (3 modes, 7 personnages, galerie, costumes) sans DLC
- Très bon système de scoring et grande rejouabilité
- Bande-son énergique et entraînante
LES MOINS
- Graphismes ayant vieilli, décors parfois peu inspirés
- Lisibilité parfois difficile dans l'action, hitbox du personnage peu claire
- Absence d'une option "rewind" pour s'entraîner
- Niveaux un peu courts sur les difficultés faciles
- Mode Histoire assez difficile, même en basse difficulté
- Uniquement en anglais









