Annoncé initialement comme une farce élaborée pour le 1er avril par le studio Inti Creates (connus pour des titres comme Blaster Master Zero et Azure Striker Gunvolt), ce concept séduisant a tellement résonné auprès de la communauté que l’équipe a décidé de le transformer en un jeu complet. Au-delà de concrétiser une blague, le titre sert également de spin-off et de clin d’œil méta à l’univers du RPG de deck-building Card-en-Ciel, où Flamefrit était une franchise de divertissement fictive. Une véritable inception ! Disponible sur Nintendo Switch depuis novembre 2024, cette aventure en vue de dessus arrive avec la promesse d’un voyage court mais imprégné d’une nostalgie prononcée pour l’ère 16 bits et les animes shōnen des années 80 et 90. La question n’est donc pas de savoir si l’hommage est réussi, mais si ce qui a commencé comme une boutade a suffisamment de substance pour tenir la distance en tant que jeu payant.
Le cliché assumé
Le scénario de Divine Dynamo Flamefrit est une foire aux clichés assumée et nous rappelle les samedi matin devant la télé avec le Club Dorothée (certes c’est une référence pour les plus de 30 ans). Nous incarnons Yuto Hino, un collégien tout à fait ordinaire qui est soudainement transporté dans le monde fantastique d’Hologard et investi du titre de Chevalier Dynamo. Sa mission, dictée par l’esprit du feu Flamefrit, est de rassembler ses alliés perdus et de contrecarrer la résurrection du maléfique Archfiend.
L’histoire ne se prend absolument pas au sérieux. Elle est remplie de dialogues légers et humoristiques, n’hésitant jamais à briser le quatrième mur. L’intention est de délivrer une lettre d’amour à la fois sincère et ironique aux aficionados du mecha et des animes rétro, on y retrouve donc le fameux pouvoir de l’amitié, les compagnons qui se chamaillent, et le héros avec un destin.
Malheureusement, avec l’excès d’humour, nous retombons fatalement dans les travers d’un ton mièvre qui rend certains dialogues oubliables ou même insipides. Les tentatives d’explorer la dimension émotionnelle des personnages (comme la relation de Yuto avec son amie d’enfance) sont souvent sacrifiées au profit d’une boutade rapide, laissant l’impression que le scénario en dit suffisamment sans jamais vraiment stimuler l’esprit ou l’affect.
Le titre est entièrement en anglais, mais le style d’écriture se veut simple et accessible. L’histoire étant très dirigiste et courte, même les anglophobes les plus réfractaires arriveront à trouver leur chemin pour boucler l’aventure sans trop de mal.
A Link to the Mecha
Le gameplay de Divine Dynamo Flamefrit est divisé en deux parties distinctes, à pieds ou en robot, offrant un contraste de rythme bienvenu. La majorité du temps est passée en vue de dessus, rappelant immédiatement The Legend of Zelda ou A Link to the Past. Yuto dispose d’un gameplay de base simple mais fonctionnel : un combo d’épée à trois coups et une attaque chargée enflammée. La défense repose sur une roulade d’esquive invincible qui, grâce à son court temps de recharge, encourage une utilisation stratégique mais répétée. Maîtriser le timing permet d’effectuer une esquive parfaite, ouvrant une brève fenêtre pour un contre-coup satisfaisant sur le point faible de l’ennemi.
Le jeu introduit également des attaques élémentaires et des invocations d’alliés qui consomment du mana, permettant par exemple d’utiliser le feu pour brûler l’herbe, ou la glace pour geler la lave. Cependant, l’utilisation de ces mécaniques ne parvient jamais à évoluer vers des énigmes complexes, se limitant à des interactions binaires simples (herbe = feu).
Divine Dynamo Flamefrit est dépourvu de système d’expérience, d’inventaire, de cartes de donjon, ou de véritables énigmes. Les niveaux sont des couloirs pseudo-labyrinthiques conçus pour ne jamais vous perdre, offrant peu de récompenses d’exploration au-delà des recharges de santé/magie ou de clés. Et les combats, bien qu’engageants, souffrent d’une sensation de légère raideur dans chaque action.
Les combats de boss sont de loin l’élément le plus élaboré et amusant du jeu. Ces rencontres se transforment en batailles de mecha à la première personne vues depuis le cockpit de Flamefrit. Le gameplay est rapide et dynamique, centré sur la visée, le tir au canon laser, le blocage et la contre-attaque/parade.
Ces boss utilisent des tactiques ingénieuses, cherchant à submerger le joueur de projectiles ou à se cacher pour des attaques sournoises. Le succès dépend de l’utilisation du radar et d’un sens du rythme pour parer au bon moment, conférant à ces duels une dimension addictive à la Punch-Out!!.
C’est ici que l’originalité d’Inti Creates transparaît le plus. Le seul bémol est que ces affrontements peuvent parfois s’éterniser artificiellement pour gonfler la durée de vie et sont rendus trop faciles si l’on abuse de l’assistance des alliés (qui lancent des attaques dévastatrices sans coût de timing). Cela donne une impression de manque d’équilibrage flagrant mais ces batailles restent, malgré tout, fun et jouissives.
Charme et limites du pixel art
L’esthétique de Divine Dynamo Flamefrit est conçue pour évoquer la nostalgie pure. Le jeu arbore un style pixel-art 16 bits qui fait immédiatement penser à des classiques de la SNES, parfois même avec un charme qui rappelle certains titres de l’ère PS1. L’équipe d’Inti Creates réussit à saisir l’aspect visuel des animes de l’époque, ce qui est visuellement appréciable.
Cependant, le pixel-art est moins détaillé ou expressif qu’on pourrait l’espérer, comparé par exemple à Blaster Master Zero, une autre production du même studio. Et les environnements souffrent d’une répétitivité et d’une banalité qui ne transmettent pas un grand sens de l’exploration ou du level design, mais qui relève plutôt de la fainéantise.
La bande-son suit la même vibe, complètement oubliable, elle sort de l’oreille aussi vite qu’elle y est entrée, bien que certains morceaux restent corrects et fredonnables. Heureusement, les effets sonores sont plus stimulants et satisfaisants, les coups portent avec une dynamique agréable, ce qui améliore la sensation de combat malgré sa simplicité.
Un amuse-gueule éphémère
Divine Dynamo Flamefrit, a été conçu à l’origine comme une blague, et c’est bien là qu’il montre ses limites. L’expérience est extrêmement brève et éphémère. Le jeu ne contient que trois donjons principaux, et la durée de vie totale est d’environ deux heures et demie, pause pipi incluse !
Nous avons une expérience superficielle à tous les niveaux avec peu de types d’ennemis, des mécaniques qui ne parviennent jamais à évoluer au-delà de leur forme la plus simple, et un manque total d’incitatifs à la rejouabilité .
Inti Creates a heureusement eu la décence de fixer un prix reflétant cette petite expérience, le positionnant davantage comme un « amuse-gueule » nostalgique. Si la brièveté peut être rafraîchissante pour ceux qui recherchent un divertissement rapide et complet, nous ne pouvons pas occulter un sentiment de déception et de désir d’une suite ou d’un jeu plus étoffé, qui permettrait aux différents éléments de s’épanouir.
Divine Dynamo Flamefrit est disponible depuis le 21 novembre 2024 sur l’eShop au prix de 5,99 euros, en anglais.
Conclusion
Divine Dynamo Flamefrit est une curiosité douce-amère. Son passage d'une farce sur Internet à un jeu complet est déroutant, et le produit final est un titre d'action-aventure qui réussit à capturer l'esprit exubérant et kitch des animes shōnen rétro. L'expérience est avant tout un hommage nostalgique avec un gameplay simple mais efficace. Les batailles de mecha à la première personne sont de loin le point culminant du jeu, offrant des duels flashy qui justifient l'existence du titre. Cependant, il est impossible d'ignorer le fait que le jeu est extrêmement limité dans sa portée. Il tient davantage d’une démo de concept que d'une aventure substantielle. C'est une expérience qui divertit sur le moment mais qui est rapidement oubliée. Si vous êtes à la recherche d'une distraction et de quelques heures à tuer, que vous appréciez l'esthétique des animes des années 90, Divine Dynamo Flamefrit est pile dans ce créneau. Pour ceux qui espèrent une expérience Action-RPG profonde et longue à la A Link to the Past, il faudra malheureusement passer son chemin ou attendre une promotion pour justifier la dépense de quelques deniers.
LES PLUS
- Les batailles de Mécha
- L’esthétique rétro anime des années 90
- L’humour omniprésent…
- Le système de combat, simple et efficace…
LES MOINS
- Trop court
- BEAUCOUP trop court !!!
- Donjons trop simples
- Pas d’énigmes ni d’exploration
- … Mais au détriment d’une dimension émotionnelle
- … Mais qui aurait pu être plus profond









