Le metroidvania est un style de jeux vidéo singulier qui s’est vu cette dernière décennie se gonfler avec des titres très intéressants, Hollow Knight incarnant ce qu’il se fait de mieux dans ce milieu (au point que certains veulent renommer le genre en Metrollowvania). Mais il existe une liste de jeux s’attachant à ce genre qui ne font pas tant parler d’eux, alors qu’ils font preuve néanmoins de qualité, tel que Dandara. Si vous êtes à la recherche d’un metroidvania avec un gameplay original qui plus est, et bien plongez-vous tête en avant dans les lignes qui suivent, car vous allez découvrir ce qui fait la particularité de cette œuvre brésilienne…
Une histoire salée ?
Dans ce jeu, on incarne une héroïne, Dandara, créée par une volonté mystérieuse à partir du néant, et ce afin de combattre le mal rongeant ce monde au bord du chaos. Il se trouve que tout l’ordre de la vie et de la physique est régi par ce qu’on appelle le « Sel ». C’est une ressource blanche que l’on peut notamment retrouver étalée sur de multiples surfaces, faisant office de point d’accroche pour ses habitants dans un monde avec une gravité cassée. Une fois lancé dans les premières heures du jeu, on assiste à une intrigue classique se déroulant cependant dans un univers mystérieux et vraiment très intéressant. La narration va nous faire rencontrer différents personnages assez atypiques, mais qui finiront par être oubliés car ils ne profitent pas d’un développement profond et attrayant. Puis, le lore semble être vaste et avoir beaucoup à raconter. Cependant, les descriptions du monde qui nous entoure sont un peu trop évasives et ne donnent pas assez de points d’ancrage concrets au joueur pour l’intéresser facilement sur l’univers du jeu.
C’est un potentiel un peu gâché que l’on peut retrouver ici, car l’univers est captivant de surface et a du potentiel dans l’exploration de son environnement. Puis l’histoire propose quand même des pistes de réflexion philosophique sur le monde et notre société. Mais l’aventure contée n’est pas suffisamment captivante malgré de bonnes tentatives assaisonnées de pics de tension, ce qui fait que Dandara ne puise pas sa force dans son histoire, mais ni sa faiblesse. Il est vrai que l’on ne risque pas d’être fortement engagé émotionnellement par l’histoire, mais elle reste toutefois cohérente avec son univers et propose une continuité n’entravant aucunement le plaisir procuré lorsqu’on parcourt les différents milieux qu’on peut retrouver.
Un gameplay d’une gravité riche et unique
La puissance principale que ce titre a à offrir se trouve dans sa jouabilité qui se démarque de la plupart des autres Metroidvania. Tout d’abord, le titre bénéficie d’une mise en œuvre efficace des caractéristiques qui font son genre, le tout appliqué de manière à ce que le joueur s’amuse sans retrait. L’œuvre vous propose tout au long de son histoire une montée en puissance de votre personnage correctement dosée et proportionnelle avec la difficulté grâce à un système d’échange d’argent contre des améliorations, mais pas que ! Le système d’exploration est solidement bien construit, car il récompense le joueur en lui permettant d’en apprendre plus sur le lore ou encore d’améliorer son héroïne, ce qui impacte le gameplay de manière positive et donne de l’envie et de l’intérêt à l’exploration. Les allers-retours, communs dans ce type de jeux, ne sont pas frustrants et nous amènent à découvrir de nouvelles choses lorsqu’on a acquis de nouvelles compétences qui nous permettent d’ouvrir des voies auparavant inaccessibles. Le level design est ainsi très habile sans être trop complexe et bénéficie de moments de singularités avec du challenge et des petites énigmes diversifiées et originales. Le meilleur, c’est qu’il entremêle de façon intéressante et amusante pour le joueur le système d’exploration et le système de progression.
Nous voici à la particularité de l’œuvre que les autres jeux ne possèdent pas : la maniabilité de notre personnage. Elle peut sembler déroutante au début, car on ne marche pas, on se déplace en sautant vers ce que l’on définit de surface de Sel en surface de Sel, et qu’est-ce que c’est agréable ! Tout d’abord, le duo de développeurs brésiliens a réussi ici à adapter au poil la maniabilité des directions du jeu à 360° avec les joysticks des manettes de la Switch, tout en nous faisant bénéficier de vibrations HD réussies. Ce choix pourrait nous donner l’impression d’avoir des déplacements limités, mais c’est une idée de génie qui nous permet en fait de bien plus porter notre attention à l’espace qui nous entoure afin de savoir où viser pour soit se déplacer, soit tirer. D’ailleurs, le système de combat se base sur du tir à distance qui se retrouve totalement diversifié grâce à l’arsenal que l’on peut acquérir et améliorer, mais aussi grâce à des ennemis variés et au level design bien travaillé et intelligemment adapté à nos déplacements particuliers. Du fait que la maniabilité est différente de ce dont on a l’habitude avec la plateforme, la montée en puissance se fait ressentir davantage, car on apprend au fur et à mesure à manier de mieux en mieux notre héroïne et ainsi on arrive plus facilement à s’adapter à notre environnement et à nos ennemis tout au long du jeu. C’est tout bonnement plaisant de traverser notre environnement en se déplaçant à toute vitesse de mur en mur tout en prévoyant les déplacements ennemis pour leur tirer dessus ! C’est une sensation particulièrement agréable que l’on ne ressent dans aucun autre titre !
Cela dit, le jeu a beau faire preuve d’un exemple de qualité dans son gameplay et son level design, il ne fait pas un sans-faute. Malgré une difficulté généralement très bien dosée, on peut y retrouver quelques passages qui demandent au joueur d’être persévérant pour réussir à atteindre certains objectifs, ce qui risque de le lasser et de le faire rager s’il n’arrive pas à passer la difficulté. Mais surtout, le principal point noir à montrer du doigt c’est le gargantuesque fossé de difficulté qu’il y a entre le boss final et tout le reste du jeu, à tel point qu’on se dit que les développeurs ont totalement craqué là-dessus. C’est vraiment dommage, car ce dernier est vraiment une pépite en termes du gameplay qu’il propose, mais beaucoup trop difficile comparé à ce qu’on a vécu dans le jeu avant d’arriver là.
Mystique dans son ambiance
Dandara n’est pas en reste artistiquement et profite d’un atout qui permet d’optimiser l’amusement et l’immersion du joueur dans le jeu : une atmosphère mystique mettant en valeur l’aspect magique et effondré de ce monde ne possédant aucune gravité. Et cette qualité reste constante sur toute la longueur de durée de vie du jeu, qui peut s’étaler de 7 à 15 heures dépendamment de votre style de jeu.
La direction artistique est soignée par du pixel art propre et efficace sans toutefois être époustouflant au point de s’écrier « ha bordel que c’est beau ! ». Les différents éléments visuels, l’UI et les décors sont clairs et rendent service au gameplay pour optimiser son efficacité. Les couleurs de l’univers contrastent de manière très appréciable à l’œil avec des couleurs à la fois sombres et colorées, comme pour promouvoir un message de lutte philosophique du bien contre le mal dans ce monde déchu. Les graphismes soutiennent efficacement le jeu en le rendant plus immersif grâce à une atmosphère visuelle qui est cohérente avec l’identité de l’univers proposé.
La bande-son, quant à elle, fait preuve de grande solidité et de variété avec des musiques par moments d’ambiance, par d’autres d’action bien rythmée, ou encore avec des mélodies qui régalent. Le style musical s’inscrit dans un léger style Synthwave Retro-Electro qui dérive dans des sonorités tantôt plus classiques, mélodieusement plus rythmées et tantôt plus douces. Ce cocktail de sonorités concorde parfaitement avec l’aspect visuel du jeu en pixel art et appuie l’ambiance mystérieuse et désastreuse de l’univers du jeu. La qualité des pistes auditives plus rythmées est tel qu’on aurait peut-être aimé en voir plus de présentes ! Mais bon, ne soyons pas trop gourmand et profitons simplement de réécouter avec plaisir les OST que nous avons là.
Conclusion
Dandara pourrait attirer votre attention, car il propose un gameplay unique en son genre avec un système de déplacement sans pareil et possède une base solide de ce qu’est un bon Metroidvania. Toutefois, l’œuvre du duo brésilien possède quelques lacunes telles qu’une histoire peu accrocheuse et un lore exploité partiellement, et en plus ne pourrait pas plaire à tout le monde, car cela peut demander une certaine persévérance dans la manière de jouer. Cependant, le rapport qualité/prix du jeu pour une quinzaine d’euros est raisonnable en vue de l’expérience unique et amusante qui nous y attend. N’hésitez pas à votre tour de devenir une élue du néant défiant la gravité !
LES PLUS
- Un gameplay très bien réalisé, basé sur un système de déplacements amusant et unique
- Un univers attrayant…
- Une ambiance mystique qui nous accroche
- Une difficulté généralement très bien dosée …
- Du pixel art soigné et propre
- Des musiques de très bonne facture et très diversifiées !
- Le système de progression qui nous donne réellement l’impression d’évoluer
- Un level design aux petits oignons
- Un système de combat amusant avec des ennemis et boss diversifiés
- Des secrets à aller chercher
- Une durée de vie raisonnable
- Un bon Metroidvania comme on en demande
LES MOINS
- Une histoire assez classique et pas engageante émotionnellement
- … mais pas assez exploité
- Pas pour tout le monde, certains passages nécessitant d’être un minimum persévérant
- … hormis ce boss de fin super dur par rapport au reste du jeu !