Développé par le studio indépendant finlandais Kamina Dimension, MindSeize tente sa chance dans un genre à la fois bien représenté sur Switch et terriblement exigeant en termes de level design : le metroidvania. Arrivera-t-il à se faire une place à côté de géants tels Ori ou Samus ? Autant vous le dire tout de suite, la réponse est mitigée, car si le studio a parfaitement rempli le cahier des charges au niveau créatif, celui du débogage est encore loin d’être fini et gâche fortement l’expérience de jeu au point de l’avoir rendu injouable pendant 14 jours avant l’arrivée d’un patch.
L’esprit dans la machine
Vous incarnez M.C. Fox un détective privé qui cherche des informations sur un groupe nommé The Ascended. Pas de bol, ceux-ci vous ont trouvé avant. Enfin pas vous, mais votre fille, dont ils convoitent l’esprit. Ben oui, dans le futur, il faudra avoir un esprit fort. Les méchants kidnappent donc l’esprit de votre fille, laissant sur place et son corps sans âme et votre corps hémiplégique.
À votre réveil vous êtes forcément un peu tristounet et en chaise roulante, mais heureusement un groupe de chasseurs de primes vous recrutent pour que votre esprit serve à contrôler le MAG : Mind Action Controller. Un robot contrôlé par votre esprit ! Du coup : VENGEANCE !
Votre quête des Ascended va pouvoir reprendre, et elle commence sur la planète Verdant Gamma. L’exploration de planètes sera au cœur du jeu, chacune vous permettra de confronter un membre des Ascended et de récupérer des pouvoirs pour votre armure.
Voilà pour le scénario de Mind Seize, ça fleure bon le nanar de série Z. En soi, ce n’est pas gênant, tant il est clair que le titre de Kamina Dimension est un pot-pourri d’hommages divers et variés. Le titre se réfère facilement à Avatar, Metroid ou même Street Fighter.
Et c’est là que ça coince un peu : si le principe d’amélioration de l’armure est classique pour un metroidvania, le ressort ici est un peu cassé : quitte à faire partie d’une équipe, pourquoi devoir payer pour bénéficier d’une amélioration ? Comment un vieil ermite ayant fait naufrage peut-il avoir les connaissances pour customiser les attaques d’un robot ? Et quel besoin a-t-il de me les faire payer ? À sa place je demanderais de l’aide pour regagner la civilisation. J’ergote me direz-vous, et c’est vrai, mais à ce moment-là, il ne faut pas faire la promotion du jeu en vantant une équipe de scénaristes. Soit on cherche la crédibilité et on fignole les détails, soit on part dans le port nawak bien assumé. Malheureusement Mind Seize est toujours entre les deux. Ça ne gâche en rien ses qualités en termes de design, mais ça ne lui permet pas de s’élever au-dessus du lot, alors que la concurrence sur ce segment joue particulièrement sur sa cohérence : Ori and the Blind Forest dans un style fantastique ou Axiom Verge dans le même style science-fiction ont pour eux des scénarios pas forcément plus consistants, mais plus dans la logique du genre.
Une Vue de l’esprit
Concernant la partie graphique, là aussi, Kamina Dimension navigue entre deux eaux. Si l’introduction fait vraiment très peur avec ses plans fixes dignes d’un mauvais comics des années 80 et ses personnages stéréotypés, le reste du jeu est vraiment un régal. Le pixel-art est bien plus réussi. Ce qui est vraiment incompréhensible c’est que les personnages de l’intro sont aussi modélisés en pixels et qu’ils ont beaucoup plus de gueule de cette façon. On se prend à rêver d’un remake de l’intro qui utiliserait le moteur graphique du jeu.
Une fois la partie lancée, les décors du premier et du second plan se montrent très soignés, détaillés et plutôt variés. Les monstres ainsi que les PNJ disposent de graphismes variés oscillant entre le classique (tiens une abeille mutante …) et l’original (des chiens champignons… des Chienpignons ?). Tout en pixel art, le monde se découvre avec plaisir. Les couleurs varient énormément, s’adaptant toujours au lieu en cours : des teintes vermeilles sombres dans les grottes, du vert luisant pour les forêts et un gris impersonnel pour les navettes.
La partie sonore est elle aussi bien réalisée, toute en synthé, elle colle parfaitement à l’ambiance, accélérant dans les moments critiques, plus sombre dans les endroits confinés et plus légère en extérieur. Elle colle aussi parfaitement au style graphique, rappelant les grands moments de l’ère 16 bits.
En ce qui concerne les mécaniques de jeu, c’est un metroidvania. Le titre consiste donc à se promener dans un labyrinthe qui dévoilera toutes ses facettes au fur et à mesure que notre personnage développera ses capacités : glissade, double saut, bref du classique. Même ainsi, le level design est assez retors et demandera pas mal d’aller-retour pour découvrir tous les objets cachés. Pour les armes c’est aussi du classique : les deux attaques de base seront upgradées en fonction de vos achats et des éléments qui se trouvent comme de par hasard dans les niveaux. Vous rencontrerez aussi des boss optionnels qui débloqueront une fois battus (et ce n’est pas facile croyez-moi) des armes plus puissantes.
La jouabilité est exemplaire : les contrôles répondent au doigt et à l’œil. De plus la progression de notre armure va de pair avec celle du gameplay et elles sont parallèles à celle de la difficulté, ce qui assure un challenge assez équilibré tout au long de l’aventure. En parlant de difficulté, si les niveaux se parcourent sans trop de problèmes, les combats de Boss sont une autre paire de manches. Ils nécessitent l’apprentissage des patterns avec de nombreux essais infructueux.
Conclusion
Mind Seize est un projet plein de promesses, mais qui reste bien trop inégal. Avec sa direction artistique en pixel art de qualité et sa jouabilité impeccable, il peut facilement attirer les amateurs de metroidvania. Toutefois sur un segment dont les champions sont Hollow Knight, Ori and the Blind Forest, Axiom Verge ou même Super Metroid disponible via le Switch Online, il n’est pas sûr que le titre de Kamina Dimension parvienne à tirer son épingle du jeu tant il est classique sur le fond comme sur la forme et tant ses bugs viennent ternir son image.
LES PLUS
- Jouabilité
- Les mécaniques maîtrisées
- Graphismes en pixel art….
- Musiques
LES MOINS
- ...malgré des écrans fixes médiocres
- Des bugs inexcusables