Avez-vous déjà connu l’angoisse des caméras fixes (parfois un peu mobiles) de jeux comme Resident Evil ou Silent Hill ? C’est ce que vous propose de vivre Sorry We’re Closed… mais pas que ! Il est temps d’affûter votre hache et de découvrir tout ça avec nous !
Lel aime les chocolatines !
Avant de rentrer directement dans le vif des Enfers, faisons un petit retour sur le studio derrière le jeu… Sorry We’re Closed est la première réalisation du petit studio « à la mode games » (en français dans le texte). La particularité est que ce studio anglais est composé de… deux personnes, C. Bedford et Tom Bedford ! La production du titre a débuté en Novembre 2020, durant la pandémie. Il s’agit du premier jeu indé des deux compères (même s’ils ont également signé deux autres jeux à l’occasion de la MechJam, que vous pouvez découvrir en ligne). Ils ont passé beaucoup de leurs soirées et de leur week-end à travailler sur le jeu, œuvrant à la création des modèles 3D, des textures et des animations, ainsi que de l’histoire ! C’est en 2022 qu’ils ont créé leur studio (à la mode games) et qu’ils ont signé avec l’éditeur Akupara Games pour la distribution de Sorry We’re Closed. Le jeu est finalement sorti en 2024 sur Steam/PC, mais c’est seulement en 2025 qu’il connaitra les joies d’une version console, incluant la Nintendo Switch, et c’est cette version qui nous intéresse aujourd’hui.
L’histoire de Sorry We’re Closed vous place dans la peau de Michelle, une jeune femme vivant à Londres et travaillant dans une épicerie, un job qu’elle adore (non c’est faux !). La jeune femme vit seule et a du mal à se remettre d’une rupture amoureuse… Alors que notre héroïne vit son train-train quotidien et part se reposer chez elle après une journée éreintante (et pas forcément fabuleuse), elle rentre se coucher dans son studio où la vaisselle traîne sur la table. Alors qu’elle est dans les bras de Morphée, elle se réveille, prise d’une paralysie du sommeil et se retrouve nez à nez avec un être mystérieux, qui s’avère être un démon. Celui-ci lui fait une pseudo déclaration d’amour et la maudit, espérant ainsi la conquérir et faire d’elle son esclave à torturer pour des siècles et des siècles… Un peu troublée par cette rencontre, Michelle finit par se réveiller (ou tout du moins le croit-elle), car elle finira sa nuit poursuivie par un être mystérieux appelée Bouffe-Rêve qui espère… la bouffer… Finalement, Michelle sera sauvée par un être mystérieux (qui ressemble à un ange) et se réveillera enfin dans sa chambre et reprendra sa routine… non sans avoir une douleur et une marque sur le front… Sa journée de travail terminée, elle ira voir son pote Marty le disquaire féru de démonologie où elle croisera aussi sa copine Robyn… Racontant sa mésaventure nocturne à ses amis (qui étonnamment ne manqueront pas de la croire et proposeront de l’aider), Michelle réalisera que la malédiction est réelle et qu’elle n’a plus que quelques jours à vivre… Cependant et comme c’est l’héroïne du jeu, on comprendra assez vite qu’elle est une sorte d’élue, à même de se libérer de cette malédiction et de mettre un peu d’amour dans la vie de ses amis et des autres personnages qu’elle croisera tout au long de son périple… Toutefois elle pourra compter sur l’aide de Robyn et de toute une galerie de personnes allant de l’ange au démon en passant par des humains des plus sympas aux plus méprisables… Mais pour dénouer les fils de certains mystères et y voir plus clair dans ce monde, finalement plein de surprise, qui l’entoure, Michelle est désormais pourvue d’un troisième œil capable de lui dévoiler la véritable apparence de certaines de ses connaissances, mais aussi des lieux qu’elle sera amenée à parcourir… L’aventure ne fait que commencer, mais nous n’en dirons pas plus car il serait dommage de la gâcher !
3×3 Eyes
Sorry We’re Closed est présenté comme un Survival Horror, mais c’est en réalité bien plus que ça ! Le côté Survival Horror est en partie dû aux angles de caméra fixes et pour certains mobiles, qui ne manqueront pas de rappeler les premiers Resident Evil. L’ambiance quand à elle, et surtout pour certains monstres/démons que vous croiserez sera un peu plus « Silent Hillesque ». Nous l’avons dit plus tôt, le jeu ne se résume pourtant pas à cela ; en effet, il est pourvu d’une histoire pas loin du Visual Novel, dont certains dialogues que vous choisirez feront progresser l’histoire dans une direction ou une autre (notamment dans le destin de certains personnages). Nous reparlerons de ces subtilités un peu plus loin.
Dans l’absolu le jeu s’avère très maniable avec des caméras bien placées et propose des commandes plutôt intuitives, que l’on soit un habitué du genre ou non. Pour les vieux de la veille, il est même possible d’opter pour des contrôles « Tank » (vous poussez le joystick vers le haut et le personnage ira droit devant, quel que soit l’angle de caméra). De notre côté, nous avons opté pour les contrôles « modernes », qui font très bien le job. Comme dans tout bon Survival Horror qui se respecte, vous pourrez compter sur la traditionnelle arme de poing. Ici c’est une hache, répondant au doux nom de « Gueule de démon », le pistolet est également présent mais en lieu et place d’un classique Beretta, vous serez équipé.e d’un Chien de l’enfer… Enfin, vous obtiendrez plus tard dans votre progression le traditionnel et dévastateur fusil à pompe qui ronronne quand on le tient et qui porte l’appellation de Feu infernal ! Vous entrerez également en possession (avant votre affrontement contre le premier boss) d’un artefact ultra puissant nommé Crève-Cœur dont nous allons vous reparler un peu plus tard. Outre les noms un peu particulier des armes dont vous pourrez disposer, l’une des autres particularités du titre est le passage en mode à la première personne quand on appuie sur la touche pour viser (LR) : vous devrez ensuite viser les ennemis et c’est là que votre Oculus Tertiaire entre en jeu. Pour parler plus vulgairement, le troisième œil que vous pourrez ouvrir d’un simple claquement de doigt (ou d’une pression sur le bouton X), fera alors sursauter un peu vos adversaires mais aura aussi la particularité de dévoiler leurs points faibles (via des cœurs qu’il faudra dégommer). Il sera toutefois possible de tirer sur les ennemis sans viser leurs points faibles, mais les dégâts seront alors réduits.
Attention cependant, car certains ne seront qu’assommés par vos balles et il sera alors nécessaire de leur envoyer un coup de crève-cœur pour en finir définitivement avec eux. Mais pour ce faire, il faudra charger l’artefact au préalable. On vous rassure, cela est possible en enchainant les tirs au cœur sur les méchants et vous gagnerez de l’énergie encore plus rapidement en faisant un sans-faute ! Hormis certains ennemis particuliers, le crève-cœur est l’arme ultime et obligatoire pour détruire les cœurs des boss, il est donc préférable de viser juste pour charger notre arme le plus rapidement possible. On pourra d’ailleurs utiliser le gyroscope des joy-cons pour améliorer la visée, mais cette fonctionnalité ne nous a pas convaincu, même si elle a permis dans certains cas d’ajuster certains tirs en inclinant la manette un chouille dans la direction souhaité, les joy-cons seuls étant parfois un peu trop sensibles pour viser correctement.
L’utilisation de votre troisième œil vous permettra aussi de dévoiler certaines zones ou objets, qui sont invisibles à deux yeux… Il est également utilisé pour la résolution de certaines énigmes, mais dont le niveau de difficulté n’est pas très élevé. Vous pourrez également compter sur Blé, une tête de chèvre sortant d’une bouche tirant la langue flottante (ça ne s’invente pas !) pour améliorer les capacités de Michelle (augmentation de sa barre de vie) et de ses armes (augmentation de la puissance et du chargeur). Bien évidemment, cela n’est pas gratuit et il faudra échanger vos Waouz (la monnaie des démons) pour obtenir ces améliorations.
Bien évidemment, vous pourrez obtenir des Waouz en revendant des Artefacts cachés dans les niveaux ou en apportant des objets spécifiques à des personnes qui vous les demandent de façon cryptique… La progression restera globalement assez simple et vous pourrez activer une fonction vous permettant d’avoir des bouteilles d’eau infinie (l’eau étant le moyen de recouvrer des points de vie). En se débrouillant bien et en buvant de l’eau, quand la vie vient à manquer, vous serez alors virtuellement immortel.le.
Sachez toutefois que le jeu ne se résume pas à cela ! En effet, outre ces phases d’action/amélioration du personnage, le jeu est également entrecoupé par des phases de « la vie quotidienne » de Michelle et vous devrez alors vous promener dans le quartier et discuter avec les personnes (humains, anges et démons) que vous croiserez… Certains dialogues vous demanderont de faire des choix (Aiderez-vous Robyn à se réunir avec son amour interdit ? Transmettrez-vous la missive de Chamuel à son démon de cœur ? Conseillerez-vous à Darrel d’offrir un rat à son chéri Oakley le jour où ce dernier reçoit la visite d’un inspecteur sanitaire dans son restaurant ?… Autant de questions dont vous seul déciderez des réponses et observerez alors les conséquences !
Personne ne renie la Duchesse !
Vous l’avez compris, il serait réducteur de considérer Sorry We’re Closed comme un « simple » Survival Horror, car c’est également une histoire avec des personnages très bien écrits qui nous parle d’amour et uniquement d’amour ! Au travers du prisme des anges, des démons et des humains, vous pourrez alors influer sur des relations homo ou hétérosexuelles dans une ambiance un peu « queer », totalement assumée sans pour autant être envahissante. Et même s’il est question d’amour entre les autres, il en va de même pour l’amour, les doutes et la haine que peut ressentir notre personnage principal… Ainsi, libre à vous de jouer les cupidons dans une relation entre un ange et un démon ou alors de briser le couple homosexuel formé par le sympathique Oakley et l’épouvantable Darrel (qui ne mérite pas l’amour que Oakley lui porte… Mais faut-il pour autant briser le cœur de Oakley ?)
L’histoire est faite de dilemmes, et vous prendrez sans doute du plaisir à revenir pour une nouvelle partie afin de découvrir les conséquences offertes par un choix différent. Et ceci malgré le côté routinier du jeu : on quitte le boulot, on discute avec les personnages, on parcourt un niveau, on affronte un boss, on fait un saut à l’hôtel des démons, on retourne se coucher et on passe au jour suivant. Chaque nouvelle journée est propice à une nouvelle décision et jamais la lassitude ne s’installe.
Comme nous l’avons indiqué plus haut, vous pourrez également compter sur les quêtes annexes pour gagner plus de Waouz et débloquer l’ensemble des capacités de Michelle ou encore écraser tous les insectes cachés dans les niveaux pour obtenir une meilleure note une fois ceux-ci terminés.
Visuellement le jeu ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais l’univers graphique est vraiment chouette. Chaque personnage est immédiatement reconnaissable et l’ambiance « cradogore » que vous verrez avec votre troisième œil tranchera toujours avec la réalité vue par vos deux yeux. Ce côté visuel différent entre deux mondes rappellera un peu l’univers de Silent Hill, une fois que la sirène a retentit…
Sauf qu’ici, le changement aura lieu en un claquement de doigt et dans un périmètre correspondant au champ de vision de votre troisième œil. Les couleurs et les ambiances tantôt flashy et lumineuses puis sombres et en désuétude sont vraiment réussies et le passage d’un monde à l’autre mettra en lumière certains détails « amusants » (par exemple chez les démons, ce qui semble d’apparence beau et luxueux vu avec vos deux yeux s’avérera complètement pourri une fois votre troisième œil ouvert).
Outre l’histoire (excellente) et l’ambiance visuelle (envoutante), impossible de ne pas dire un mot sur l’ambiance sonore (entraînante), notamment lors des affrontements contre les boss, qui ont chacun un thème spécifique et même chanté ! Une originalité bien sympathique, comme ce petit ding d’ascenseur qui arrive au bon étage, lorsqu’on recharge son arme. L’originalité du titre et les thèmes abordés (loins d’être évidents) sont parfaitement maîtrisés d’un point de vue narratif et jamais on ne se sent jugé en fonction des actions que l’on décide de faire. On profitera d’ailleurs de textes intégralement traduits en français, et de qualité (en faisant fi du fait que PAIN AU CHOCOLAT dans la version originale est traduit par… chocolatine dans la version française). Mais il serait dommage de s’arrêter à cela et à l’utilisation de l’écriture inclusive pour juger. Ces petits détails font partie de la magie qui habite ce jeu.
Sorry We’re Closed est disponible sur l’eShop au prix de 24,50 euros.
Conclusion
Sorry We’re Closed est un jeu qui demande une certaine ouverture d’esprit pour être pleinement apprécié. Si vous faites preuve d’une bonne ouverture d’esprit, vous apprécierez cette expérience qui dépasse largement le cadre du « simple » Survival Horror et propose une réflexion intéressante sur l’amour que l’on peut porter à soi ou aux autres, en faisant fi des origines ou du sexe. L’histoire est solide et propice à la rejouabilité pour découvrir les différentes fins en fonction de vos choix. Évidemment, les sujets abordés ne plairont pas à tout le monde, mais à travers les choix que l’on peut faire, chacun peut y trouver son compte (nonobstant un esprit ouvert quand même) et c’est ce qui contribue en grande partie à la force du titre !
LES PLUS
- L’univers graphique du jeu
- L’histoire
- L’ambiance générale du titre
- Les caméras fixes et mobiles façon Resident Evil / Silent Hill
- Textes en français avec une traduction de qualité
- L’écriture inclusive
- L’usage du mot chocolatine
- Les thèmes musicaux spécifiques pour les boss
LES MOINS
- Les phases de tir demandent un temps d’adaptation
- L’écriture inclusive
- L’usage du mot chocolatine
- Les énigmes d’un niveau de difficulté Resident Evil