Dans la vaste scène indépendante, certains jeux ne cherchent pas à impressionner par leur gameplay, leurs graphismes ou leur budget, mais par leur capacité à toucher le joueur en plein cœur. Next of Kin, développé par le studio suédois Spelkväll Games, fait partie de ceux-là. Disponible sur Nintendo Switch depuis le 28 mars 2025, voyons si le titre aura la capacité de proposer une expérience mémorable ou non.
Juste “Next” aurait suffit
Next of Kin nous conte l’histoire de Thomas et Martha, un couple récemment installé dans le paisible village de Mjölkebo. Tout s’y passe très bien, et le couple vit des jours heureux jusqu’au moment où Thomas se réveille un matin avec un sacré mal de crâne, une perte de mémoire et, cerise sur le gâteau, la disparition de sa femme. Il y a des matins comme ça où rien ne va ! Avec des indices fragmentés et un sentiment de culpabilité croissant, Thomas entreprend une investigation pour reconstituer les événements menant à cette disparition. Au fil de l’exploration, vous débloquez des souvenirs clés qui éclairent progressivement la vérité.
Bien que les sujets abordés soient poignants pour la plupart, comme la santé mentale ou le deuil par exemple, le titre pourra tout de même proposer un peu de légèreté par moments. Le fil de l’histoire peut sembler prévisible, pour peu qu’on soit familier avec des récits similaires, et l’intégralité de l’aventure est proposée en anglais uniquement.
Le jeu est conçu pour être une expérience courte, qui ne vous prendra pas plus de 90 minutes de votre vie avant d’être définitivement désinstallée de la console. Les développeurs avaient une intention claire de proposer une aventure condensée, mais ils souhaitaient aussi qu’elle soit impactante et significative pour le joueur. Nous vous l’indiquons sans détour : pari raté. La durée du jeu est un inconvénient, car pour proposer une expérience riche et avec des thématiques développées, il est nécessaire de diluer l’expérience dans le temps. Lorsque l’ambition est d’aborder des sujets assez lourds émotionnellement, il est impératif de ne pas expédier l’affaire. De plus, le mélange avec des sujets bien plus frivoles ou légers vient complètement saborder le propos de base, et donc l’essence même du titre.
Quine, le numéro qui ne gagne pas
Côté visuel, là encore, c’est très clivant par rapport au propos du jeu. Next of Kin démarre avec un écran de lancement assez joli, tout en pixel-art. Cela augure du bon, un ton hivernal, un peu sombre, presque même un petit relent d’Alan Wake version 2D en perspective, en cherchant bien. Cette illustration a d’ailleurs fait débat au sein de la communauté, car elle a été réalisée par une IA et certains joueurs estiment que cela dévalorise le travail artistique traditionnel que peuvent offrir les développeurs.
Puis le jeu démarre réellement et l’engouement laisse place à la déception en voyant que le titre, pourtant réalisé sur le moteur Unity, est un clone de ce qu’on peut trouver sur RPG Maker. Très coloré, avec des environnements basiques, formatés et sans aucune saveur…Très loin de la qualité Pixel 2D de l’écran d’accueil, même si elle est produite par une IA. Les personnages n’offrent pas plus de réconfort et sont à l’image des décors, simples et pas particulièrement expressifs. Vous comprenez vite que l’immersion visuelle devra se faire grâce à l’imagination plus qu’avec ce qui se passe sous vos yeux.
En vue de dessus avec une légère perspective, vous incarnez donc Thomas et évoluez dans le village en interagissant avec divers objets et personnages pour débloquer des souvenirs essentiels à la progression de l’histoire. L’absence de combats et de mécaniques complexes permet de se concentrer pleinement sur la narration, mais fait aussi apparaître un grand manque de diversité, dans ce qui finit par ressembler à un simulateur de marche. La navigation peut parfois être déroutante, certains objets n’étant interactifs que lorsqu’on est très proche d’eux, et la gestion de l’inventaire est plutôt lourde et peu ergonomique.
La musique, quant à elle, est plutôt répétitive, et surtout beaucoup trop guillerette sur la globalité du jeu, ce qui vient atténuer l’impact émotionnel de certaines scènes. Thématique du titre mise à part, la bande-son reste malgré tout l’élément le moins mauvais des éléments proposés par le jeu.
Next of Kin est disponible depuis le 28 mars 2025 sur l’eShop au prix de 1,99 euros, en anglais.
Conclusion
Next of Kin est une aventure narrative qui se veut émouvante et qui veut aborder des thèmes profonds avec sensibilité en un minimum de temps. Mais entre une narration sans surprise et bien trop vite expédiée, un style visuel RPG Maker trop coloré et générique et une bande-son en contradiction avec la thématique, le titre ne permet pas de créer une atmosphère immersive. Pire, il sabote lui-même ce qu'il vient proposer. Le pitch de base était intéressant, mais il est bien mal mis en œuvre et en lumière. Le studio aurait aussi pu s’éviter une mini-polémique inutile en retirant le seul élément du jeu qui - et ça fait mal de le dire - a de la gueule dans le jeu, mais qui est généré par une IA. Cela ne rend clairement pas service pour vendre le titre et en plus vient accentuer le clivage graphique et la déception.
LES PLUS
- La thématique lourde émotionnellement...
- Des musiques correctes...
- Heureusement c'est très court
- Débloquer des souvenirs
- Une map pour se repérer plus facilement
LES MOINS
- ... Mais trop vite expédiée et prévisible
- ... Mais répétitives et à côté du thème pour la plupart
- Du gameplay ?
- Marche simulator
- Gestion de l’inventaire lourde
- Peu de variété dans les décors
- Les objets à trouver dans l’environnement mal implémentés
- Aucune rejouabilité
- Pas de direction artistique
- Même à 1,99 euros, c'est trop cher pour l'expérience