Sorti initialement en 2013 sur Xbox 360 en tant que spin-off du jeu de combat du même nom, Phantom Breaker: Battle Grounds a su se tailler une petite réputation dans le monde du beat’em up grâce à son gameplay nerveux et son esthétique rétro chibi survoltée. Dix ans plus tard, la série revient en force avec une version Ultimate, remastérisée et enrichie, désormais disponible sur Nintendo Switch. Cette nouvelle édition, maintenant entre les mains du studio Rocket Panda Games, cherche à moderniser l’expérience et à en augmenter le contenu, tout en conservant l’identité qui a fait le charme de l’opus original. Saura-t-elle faire une vraie différence par rapport à la version de 2013 ?
Casseur de fantôme
L’univers de Phantom Breaker se déroule dans un Tokyo alternatif, théâtre de conflits dimensionnels. L’intrigue nous place dans la peau de jeunes combattantes aux pouvoirs surnaturels, opposées à un mystérieux personnage nommé Phantom. Ce dernier cherche à briser les barrières entre les dimensions afin de retrouver ses pouvoirs, tout en libérant des forces maléfiques menaçant l’équilibre du monde.
Les héroïnes, menées par Mikoto, doivent sauver Nagi, sa sœur kidnappée par Phantom, en traversant différentes zones infestées d’ennemis. Si le scénario reste plutôt classique, et très peu intéressant, on peut tout de même saluer l’effort de proposer un lore pour les fans de la licence. La narration, bien que minimaliste, est ponctuée de dialogues façon visual novel et de cut-scenes animées qui donnent un petit cachet à l’ensemble. Il faut noter que l’histoire reste secondaire dans la majorité des beat’em up, et ce titre ne fait pas exception à la règle, en misant tout sur l’action pure.
Avant d’entrer dans le vif du sujet et de parler gameplay, nous allons resituer un peu ce qu’est Phantom Breaker à la base, car cela permettra de mieux comprendre pourquoi le gameplay est tel qu’il est dans cette itération. La franchise est née au Japon il y a une quinzaine d’années sous la forme d’un jeu de combat, à l’époque développé par 5pb., qui va ensuite changer de nom, ou du moins être intégré à un studio nommé Mages. La licence a finalement franchi les frontières nippones pour arriver chez nous en 2022, avec Phantom Breaker: Omnia (toujours du VS Fighting), grâce au studio Rocket Panda Games. Nous avions eu droit en 2013 à l’épisode Phantom Breaker: Battle Grounds, et à une version Overdrive en 2017. Mais à part les aficionados, la licence n’était pas encore très connue chez nous. Pour autant, l’épisode était déjà un bon beat’em up à l’époque. La franchise reste donc encore assez fraîche ici, et c’est un plaisir de pouvoir profiter d’une version améliorée et enrichie de ce spin-off.
Chi-beat’em up RPG
Le gameplay de Phantom Breaker: Battle Grounds Ultimate est clairement son point fort. Il s’agit d’un beat’em up en 2.5D à scrolling horizontal, avec des éléments empruntés aux jeux de baston classiques. Au premier abord, le gameplay ressemble à un « presse-boutons » fouillis où tout fonctionne pour casser la tête de vos adversaires. Mais en réalité — et surtout dans les niveaux de difficulté plus élevés — vous allez vite devoir apprendre à jouer correctement, et par la même occasion, découvrir toute la profondeur du gameplay.
Chaque personnage dispose d’un set de coups variés, reprenant les formules classiques des jeux de combat. On retrouve : attaques faibles, moyennes et fortes, ainsi que des attaques spéciales, aériennes, une ultime et une garde. Les affrontements sont rapides, intenses, et misent sur la maîtrise du timing, des enchaînements et de l’esquive. Le joueur peut également changer de plan (avant/arrière) pour échapper à une attaque ou surprendre ses adversaires. La prise en main est très bonne, précise, et devient vite grisante. Votre personnage pourra évoluer en récupérant des points d’expérience, et à chaque niveau gagné, vous obtenez des points de compétence à répartir dans différentes catégories : attaque, défense, vitesse. De plus, vous pouvez aussi développer ses habiletés via un mini arbre de talents, qui permet d’ajouter des sauts, des coups, etc. On peut ainsi créer des builds différents et optimiser son style de jeu, une option qui donne une vraie profondeur au gameplay et aux personnages.
Et de ces derniers, vous en aurez ! Le mode histoire vous propose de vous faire la main avec 4 personnages jouables, mais la richesse du jeu se situe dans les autres modes : vous n’aurez pas moins de 38 persos différents, dont une grande partie à débloquer, chacun disposant de ses propres attaques, combos et arbres de compétences. Sur ce nombre, 24 sont des ennemis que vous affrontez en jeu, et 14 sont des combattantes issues de la franchise ou d’autres licences, comme Kurisu Makise (Steins;Gate) et Frau Kôjirô (Robotics;Notes).
Le titre pousse à l’expérimentation avec ses différents niveaux de difficulté (de facile à cauchemar +) augmentant considérablement la durée de vie et la rejouabilité. D’autant que seule la difficulté maximale vous proposera de nouveaux items équipables à votre personnage : les Outrange items, qui modifient votre attaque Outrange, et les items passifs, qui donnent des buffs/bonus. Cumuler plusieurs fois le même type d’item le fera monter en niveau, et le rendra ainsi plus efficace.
Aussi, sous certaines conditions, vous pourrez entrer dans des zones alternatives d’un stage, plus difficiles mais bien plus généreuses en récompenses.
Concernant les combats, de manière générale, le titre n’est pas très compliqué en modes facile et normal. Il commencera à vous challenger sérieusement vers la fin du mode difficile, notamment en raison d’un petit pic de difficulté dans les derniers stages, et de la présence accrue d’ennemis volants. Ahhh… les ennemis volants. Vous aurez autant de déplaisir à les croiser — et à vous faire bousculer — que de plaisir (presque malsain) à hurler de satisfaction une fois leur tête écrasée !
Contenu Phantom ?
Phantom Breaker: Battle Grounds Ultimate est un mix entre Phantom Breaker: Battle Grounds et Phantom Breaker: Overdrive. Le titre propose un mode histoire qui vous occupera moins de deux heures lors d’une première partie en solo et en difficulté standard. Mais la rejouabilité est l’un de ses plus gros atouts — et ce, sous toutes ses formes !
Le titre propose plusieurs modes : histoire, arcade, et Battlegrounds. Tout est jouable en solo ou en coopération locale/ligne, à l’exception du mode Battlegrounds qui est un VS exclusivement multijoueur. Ce dernier nous permet de retrouver l’ADN VS Fighting de la licence. Le multijoueur fonctionne comme suit : 1 à 4 joueurs en local, 1 à 6 en coopération en ligne, et jusqu’à 8 en VS online. Attention : sur Nintendo Switch, les modes à 6 ou 8 joueurs ne sont disponibles qu’en cross-play. Cela répond à une question fréquente : oui, vous pouvez jouer avec un ami qui possède le jeu sur un autre support.
La coopération transforme complètement l’expérience, ajoutant beaucoup de fun, mais perturbant parfois la lisibilité, surtout avec de nombreux joueurs à l’écran. Tout n’est pas toujours rose : la recherche de lobby en ligne peut parfois se montrer capricieuse, et il a été difficile de trouver une partie en ligne, malgré la présence de trois zones de matchmaking (US / EU / Asie).
Le coeur de Breaker
Visuellement, Phantom Breaker: Battle Grounds Ultimate adopte une esthétique pixel art modernisée par rapport à la version originale, puisque tout a été refait sous Unreal Engine 5. Le jeu est désormais ultra fluide, avec une bien meilleure résolution et des graphismes retravaillés de toute beauté. Nous sommes un peu moins fans de certains éléments 3D du décor, un peu plus grossiers — mais c’est du chipotage, car cela ne gêne pas vraiment.
Les sprites chibi sont très bien animés, et les effets visuels (attaques spéciales, explosions, combos frénétiques) renforcent le sentiment de puissance. Chaque environnement est détaillé et possède une ambiance propre. La demi-douzaine de stages présents dans le jeu d’origine est toujours là. Néanmoins, même si la direction artistique est soignée, cette version Ultimate aurait pu proposer quelques niveaux supplémentaires, d’autant que certains sont un peu moins inspirés.
L’interface est claire, bien que légèrement envahissante en multijoueur. On regrette parfois un manque de lisibilité quand beaucoup d’ennemis sont présents à l’écran, notamment en mode portable. Malgré cela, l’ensemble reste cohérent et fidèle à l’esprit arcade recherché. Comme dit plus haut, en multijoueur, le cumul interface + ennemis + effets visuels crée une ambiance de “joyeux bordel”.
Côté OST, la bande-son a été entièrement remasterisée. Les joueurs peuvent choisir entre deux versions chiptunées classiques et une nouvelle bande-son composée par le groupe de J-rock fictif féminin Phantom Breakers. C’est un ajout sympa, même si les musiques ne sont pas le point fort du titre. Elles restent agréables, sans jamais vraiment transcender l’action à l’écran.
À noter également : le jeu est intégralement disponible en français, avec un choix de voix anglaises ou japonaises.
Phantom Breaker: Battle Grounds Ultimate est disponible en français depuis le 17 avril 2025 sur l’eShop au prix de 24,99 euros.
Conclusion
Phantom Breaker: Battle Grounds Ultimate est un excellent beat’em up qui réussit à moderniser une formule rétro sans perdre son âme. S’il ne révolutionne pas le genre, il le sublime par une action frénétique, une direction artistique chibi, des animations fluides et une excellente rejouabilité. Idéal en solo, mais encore plus jouissif entre amis, ce titre s’impose comme une très bonne pioche sur Nintendo Switch dans sa catégorie. Quelques défauts de la version originale sont toujours là : narration peu marquante et manque de lisibilité en multijoueur. Mais rien qui n’entache vraiment le plaisir. Le jeu est à savourer de préférence en multijoueur avec des amis qui le possèdent aussi, car il reste difficile de trouver des parties en ligne avec des inconnus. Espérons que le titre se fasse une place dans le cœur des joueurs et que sa communauté s’élargisse.
LES PLUS
- 38 personnages jouables
- Gameplay nerveux et technique
- Fluidité exemplaire sur Switch
- Style visuel chibi-pixel réussi
- Refonte graphique superbe
- Rejouabilité importante
- Progression RPG addictive
- Les modes de jeu disponibles
- Du VS Fighting dans un beat ’em up, c’est cool !
- Coop locale et online
- Cross-play disponible
LES MOINS
- … Mais 24 sont des ennemis du jeu
- Histoire peu intéressante et développée
- Très court sur une première partie en normal
- Un style répétitif de base
- Lisibilité parfois confuse ou chargée en multi - surtout en nomade
- Les ennemis volants “au secours !”
- … Mais c’est compliqué de trouver des parties en ligne