Êtes-vous des amateurs d’humour absurde ? Est-ce que vous regardez La Vie de Brian, Sacré Graal ou le Monty Python’s Flying Circus en boucle ? Est-ce que les jeux qui vous proposent des quêtes stupides et brisent le quatrième mur vous intéressent ? Alors peut-être que The Procession to Calvary peut vous plaire. Développé par le Britannique Joe Richardson, il a débarqué sur l’eShop le 1er juillet 2021 au prix de quinze euros. Voici notre test de cet étonnant point-and-click.
L’âme des Monty Python dans un jeu
The Procession to Calvary est un surprenant point-and-click à l’humour absurde. Pour comprendre où vous mettez le pied, il est important de bien expliquer le concept artistique. Le jeu repose sur la technique de collage qui consiste à récupérer des éléments d’une image pour les transposer sur une autre. En l’occurrence, The Procession to Calvary reprend des tableaux de la Renaissance pour les animer et créer toute une histoire.
Nous incarnons la Bellona de Rembrandt. La guerre vient de se terminer et une nouvelle loi vient d’interdire les meurtres dans tout le royaume. C’est dommage pour Bellona, car elle adore tuer des gens.
Après un quiproquo avec le tout nouveau dirigeant, Jean l’Immortel, nous avons désormais l’autorisation (autoriser, c’est un grand mot) d’assassiner le félon Pierre le Divin, responsable à nos yeux de cette situation. Nous voilà partis dans une grande aventure pour trouver ce dirigeant vivant au sud du pays.
Niveau gameplay, The Procession to Calvary est un point-and-click très classique. Nous nous déplaçons de décor en décor en interagissant avec tous les personnages et objets que nous rencontrons.
Il y a trois (voire quatre) actions possibles : l’une nous permet de discuter avec les personnages (mais aussi avec les objets, et parfois les cadavres), l’autre de frapper ou de gifler les gens (ou tapoter la tête de façon réconfortante quand les personnes sont tristes) et la troisième permet d’observer.
Si une énigme est trop compliquée, il est aussi possible de sortir son épée pour tuer celui qui nous gêne. Ce choix, très amusant, est cependant lourd de conséquence pour la suite du récit…
Nous allons devoir résoudre des énigmes en discutant avec les personnages que nous croiserons, en fouillant les décors et en utilisant des objets que nous trouverons sur notre passage.
The Procession to Calvary ne se démarque pas par son gameplay mais par son humour absurde qui mélange habilement le côté irrévérencieux et stupide des Monty Python avec le côté grivois et lui aussi irrévérencieux d’un South Park.
Un must have de l’humour absurde à essayer de toute urgence
Les quêtes et les énigmes sont souvent… particulières, dans le bon sens du terme. Pour n’en citer que trois, nous allons par exemple apaiser le diable pour récupérer une perle dans une palourde géante, utiliser les « spécificités » d’un putois pour voler une clé, ou encore réconforter un âne en pleine crise existentielle.
Les personnages que nous rencontrons sont aussi excentriques et drôles que les quêtes que nous allons devoir réaliser. Quid de La Jeune Fille à la Perle, mal dans sa peau parce qu’elle porte non pas une perle mais une boucle d’oreille en améthyste ? De ce Jésus, magicien de rue à la sauvette, affabulateur et menteur de première ? Et quid de cet aristo qui vient de se faire déshériter qui sniffe de la « schnouffe » pour oublier que la carte au trésor qu’il vient de voler ne mène finalement nulle part ?
The Procession to Calvary est un chef-d’œuvre d’humour absurde. Chaque dialogue, chaque décor, chaque situation et même chaque solution d’énigme est une occasion de rire dans cet univers étrange. Nous sommes devant un bijou, une expérience unique qui ne ressemble à aucune autre.
Il faut bien sûr aimer cet humour qui a l’habitude de diviser les joueurs. Il peut parfois partir dans tous les sens, il se moque (très) régulièrement de la bêtise humaine, il joue avec le politiquement correct et est aussi très stupide. Il y aura autant de blagues « bas du front » sur les flatulences que de charges anticléricales.
Si vous êtes sensibles à cet humour, si vous aimez l’absurde et que les Monty Python sont vos humoristes de référence, n’hésitez surtout pas. The Procession to Calvary est peut-être l’œuvre qui se rapproche le plus, que ce soit dans son fond ou sa forme, à la troupe britannique.
Pour notre part, nous avons (presque) adoré chaque minute sur ce point-and-click alors que nous n’affectionnons pas forcément le genre. Nous avons ri, nous nous sommes amusés et nous avons passé un excellent moment sur ce jeu que nous considérons comme un must have.
Quelques défauts inhérents au point-and-click
The Procession to Calvary a bien sûr quelques défauts qui sont inhérents au point-and-click et à l’humour absurde de l’œuvre. Les énigmes sont parfois très alambiquées et les solutions peu évidentes. Internet nous a sauvé plus d’une fois car nous n’aurions jamais deviné par nous-mêmes qu’il fallait plonger deux fois une tête découpée dans un tonneau d’insectes mangeurs de chair pour offrir cette dernière au diable.
Certains pourraient râler, à juste titre, car le jeu est plus cher sur Nintendo Switch (15€) que sur PC (9,50€). Rien ne justifie cette différence de prix, surtout que le portage n’est pas irréprochable. Le jeu subit de légers (mais aucunement gênants) ralentissements lorsque nous changeons de décor… étonnant pour un point-and-click. De plus, il n’est pas tactile ce qui aurait pu le rendre parfait en mode portable.
Le jeu est assez court et ne dure que deux à quatre heures. Pour quinze euros, ce n’est pas forcément idoine et nous vous conseillons d’attendre une promotion pour vous laisser tenter. Attention cependant, depuis sa sortie, le jeu n’est que très rarement en promotion (une fois par année au prix de six euros).
Les déplacements de notre personnage, qui parcourt parfois toute la carte pour changer de décor, peut frustrer, même si pour nous ce fut quelque chose de mineur qui correspondait à l’identité du jeu.
Le jeu est intégralement traduit en français (sauf deux mini-répliques). Cette traduction est parfaite même si c’est exactement le genre de jeu qui est encore meilleur en langue originale. Si vous maîtrisez l’anglais… n’hésitez surtout pas !
Les graphismes sont excellents mais ne plairont pas à tout le monde. Nous avons certains des plus grands tableaux de la Renaissance (Rembrandt, Botticelli, etc.) qui se mélangent à d’autres œuvres de la Renaissance moins connues pour former un ensemble visuel cohérent. La technique de collage est captivante à regarder et réussit à créer de l’art… avec de l’art.
La bande-son baroque correspond parfaitement à l’ambiance, avec une musique différente pour chaque décor. Nous les avons encore en tête au moment d’écrire le jeu, avec une mention particulière pour le Lamento d’Arianna de Monteverdi (1608) chantée lors d’un concours de talents.
Nous vous joignons une vidéo de presque quarante minutes de gameplay.
Conclusion
Si vous aimez l’humour absurde des Monty Python, que Sacré Graal et La Vie de Brian sont vos films de chevet, alors n’hésitez pas, The Procession to Calvary est une pépite qui vous fera rire comme jamais. Si le gameplay point-and-click est très classique, nous avons face à nous une expérience unique, avec ces collages de tableaux de la Renaissance, son humour un brin provocateur et absurde et ses quêtes stupides à souhait. Nous regrettons juste son prix, plus cher sur Nintendo Switch que sur PC, mais pour notre part, nous partons de suite acheter les autres jeux de ce développeur pour découvrir son univers !
LES PLUS
- Une pépite d’humour absurde
- Des quêtes stupides
- Des solutions tout aussi stupides
- Des personnages et des situations étonnants
- Très bonne traduction française
- Une direction artistique singulière et parfaite
- Une bande-son très réussie
LES MOINS
- Un gameplay finalement classique
- Les défauts inhérents au point-and-click (énigmes parfois trop farfelues)
- Un humour qui n’est pas pour tout le monde
- Des graphismes qui ne plairont pas à tout le monde
- Prix plus élevé sur Nintendo Switch que PC
- Assez court (2 à 4 heures)