Gal Guardians: Servants of the Dark est une tentative audacieuse d’Inti Creates de fusionner l’univers fantaisiste de Gal Gun avec les mécaniques exigeantes d’un Metroidvania. Suite spirituelle de Demon Purge (2023), ce jeu promet une aventure riche en exploration, combats frénétiques et humour absurde. Mais entre hommage aux classiques et manque d’originalité, parvient-il à séduire au-delà des fans de la licence ?
Sauver un démon… en démon
Dans cette aventure, vous incarnez Kirika et Masha, deux sœurs démoniaques fidèles à Maxim, un ancien seigneur aujourd’hui réduit à l’état de crâne flottant à la suite d’un coup d’État. Leur objectif est de parcourir un château et ses environs corrompus pour récupérer les ossements de leur maître et restaurer son pouvoir. Elles doivent également affronter Lyzenorg, le rival à l’origine de la chute de Maxim, tout en récoltant les âmes perdues des anciens serviteurs du château. Ces âmes permettent de développer leur repaire central, débloquant ainsi diverses fonctionnalités comme des boutiques ou des options d’amélioration.
L’intrigue, reléguée au second plan, mêle humour absurde et enjeux pseudo-apocalyptiques. Kirika, la cadette, se distingue par ses fusillades excentriques et ses répliques désinvoltes, tandis que Masha, l’aînée, manie le fouet avec une dévotion obsessionnelle pour Maxim. Ce dernier, bien qu’à l’état de crâne, conserve un ton sarcastique, oscillant entre mentorat et moqueries. Les dialogues, intégralement doublés en japonais, brillent par leur dynamisme et leur autodérision. Néanmoins, l’histoire risque de perdre les nouveaux venus, tant elle repose sur de nombreuses références aux jeux Gal Gun et Demon Purge.
Un metroidvania à deux visages
Le jeu repose sur une alternance constante entre Kirika et Masha, deux sœurs aux styles de combat radicalement différents, offrant une approche duale et dynamique des affrontements. Kirika combat à distance à l’aide d’une Uzi aux munitions limitées (60 balles) et à la recharge lente, ainsi qu’un shotgun infligeant de lourds dégâts au corps à corps, mais avec un délai conséquent entre les tirs. À cela s’ajoutent des armes secondaires aléatoires – grenades, épées volantes, toiles d’araignée – dotées de bonus et malus, difficiles à exploiter de manière stratégique.
De son côté, Masha privilégie le corps-à-corps avec un fouet puissant, capable d’attaques aériennes efficaces. Elle dispose également de « graines démoniaques », des attaques chargées peu claires dans leur fonctionnement, et d’un dash aérien indispensable pour l’esquive. Le système d’échange entre les deux sœurs est fluide, notamment en combat : il permet de ressusciter l’autre (« shove your sister’s soul back into her body ») tout en déclenchant une courte période d’invincibilité.
Cependant, l’équilibrage du gameplay laisse à désirer. Masha inflige jusqu’à six fois plus de dégâts que Kirika, rendant la gestion des munitions de cette dernière peu gratifiante. Les boss, quant à eux, sont souvent frustrants, avec des patterns imprévisibles et des phases finales chaotiques, à l’image de Zuzu et son ver géant. L’inventaire d’armes secondaires, limité et aléatoire, sature rapidement, sans possibilité de fusion ou de vente.
Entre rétro et régressif
Le château de Maxim sert de hub évolutif, mais reste sous-exploité. Les zones débloquées – forêt, désert, donjon – manquent d’identité, avec des environnements génériques et un platforming peu précis. L’exploration est entravée par une carte peu lisible, sans indicateurs de progression (ni coffres ouverts, ni salles visitées) et des connexions entre zones mal définies. Le système de voyage rapide, en plus d’être mal placé, est coûteux (50 pièces d’or), freinant l’envie d’explorer librement.
Un grind pénible
L’évolution passe par la collecte d’ossements, drop aléatoire sur les ennemis, nécessitant des retours fréquents au hub pour améliorer les statistiques. Les capacités essentielles comme le double saut ou le dash mural sont obtenues trop tard, ralentissant inutilement le rythme. Les équipements de Maxim, censés offrir des bonus de soutien (soins, par exemple), s’avèrent souvent confus ou peu utiles.
La prise en main est inégale. L’échange entre les sœurs fonctionne bien en combat, mais devient lent et peu réactif en exploration. La confirmation par maintien de la touche A dans les menus rallonge inutilement la navigation. Le manque d’options de personnalisation (sensibilité, raccourcis) limite le confort de jeu. Côté coopération, le mode local et en ligne offre une expérience amusante à deux, bien que les combats deviennent alors déséquilibrés, notamment face aux boss. Sur Switch, quelques ralentissements ont été rapportés, affectant la fluidité générale.
Du jazz… et du bruit
La bande-son oscille entre des thèmes gothiques et des compositions jazz entraînantes, mais peine à marquer durablement l’oreille. Si certaines pistes sont agréables, notamment dans les zones d’exploration, les morceaux manquent souvent de puissance et d’intensité lors des combats de boss, où l’on attendrait des montées en tension plus marquées. Le doublage japonais, en revanche, se montre particulièrement réussi, porté par une performance pleine d’énergie. Maxim, notamment, se distingue grâce à ses répliques cinglantes et son ton sarcastique parfaitement assumé.
Côté effets sonores, l’impact des armes principales est bien rendu : le fouet de Masha est vif et brutal, tandis que le shotgun de Kirika délivre des salves sonores puissantes. En revanche, certains ennemis, comme les abeilles géantes, produisent des cris stridents qui finissent par agacer à la longue.
La campagne principale s’étale sur environ 15 à 20 heures, selon le degré d’exploration. Le contenu optionnel comprend la sauvegarde de plus de trente âmes de NPC, mais plusieurs d’entre eux n’offrent aucune quête ou interaction notable, limitant l’intérêt de cet aspect collectathon. Un mode New Game+ est disponible, bien qu’il n’apporte que peu de nouveautés concrètes, rendant difficile sa justification. L’absence de modes supplémentaires, comme un défi ou un mode speedrun, ainsi que l’ajout tardif du mode coopératif en ligne, contribuent à une rejouabilité assez faible.
Un pixel art flamboyant pour des environnements sans éclat
Visuellement, les sprites des personnages bénéficient d’un soin évident : les animations des robes des sœurs sont fluides, leurs expressions faciales changent en fonction des situations, et l’ensemble respire le dynamisme. Les ennemis ne sont pas en reste, avec des créations originales allant de lanternes enflammées à des dragons au design volontairement kawaï, apportant une certaine fraîcheur visuelle.
En revanche, les environnements souffrent d’un manque d’interactivité et de variété. Les décors – forêts, donjons de feu ou de glace – restent très classiques et manquent d’identité propre. Les arrière-plans sont souvent figés, et le platforming n’est pas suffisamment mis en valeur par l’architecture des niveaux. Heureusement, les effets visuels viennent parfois rehausser le tout, notamment lors des attaques spéciales ou des explosions, spectaculaires et lisibles, allant jusqu’à couper un ennemi en deux dans un effet stylisé du plus bel effet.
Le design des boss présente quelques moments forts, comme la Reine Gardenas, un dragon aux allures sensuelles, ou le duo Shinobu et Maya, clin d’œil appuyé à Demon Purge. Toutefois, d’autres affrontements, à l’image de Dranis, le ver géant, s’enlisent dans des patterns répétitifs et des mécaniques sans surprise.
Conclusion
Gal Guardians: Servants of the Dark est un Metroidvania honnête, mais souffre de son manque d’ambition. Si les combats dynamiques, l’humour déjanté et le pixel art ravissent les fans d’Inti Creates, les lacunes techniques (level design, progression, boss) le relèguent derrière des références comme Hollow Knight ou Bloodstained: Ritual of the Night.
LES PLUS
- Dualité des sœurs et mécanique de revive
- Pixel art coloré et designs de boss fous
- Humour décalé et doublage expressif
- Co-op fun malgré le déséquilibre
LES MOINS
- Level design générique et plateforming mal calibré
- Progression laborieuse (grind d’ossements)
- Inventaire mal géré et armes secondaires encombrantes
- Boss frustrants et cartes peu intuitives