Dans un paysage vidéoludique souvent dominé par les remakes peu ambitieux, 9th Dawn Remake se distingue comme une exception remarquable. Développé par Valorware, ce titre revisite le premier opus de la série sorti en 2012, en y injectant une modernité et une profondeur qui en font bien plus qu’une simple mise à jour graphique.
Valorware, un studio indépendant porté par une poignée de passionnés (voire un seul développeur selon certaines sources), a marqué les esprits avec la série 9th Dawn. Connu pour ses RPG riches en contenu et son approche « rétro-modernisée », le studio prouve avec ce remake qu’il est possible de réinventer un classique sans en trahir l’essence. Le résultat ? Un jeu qui combine nostalgie et innovations, le tout à un prix modeste (14,99 €) sur l’eShop.
Classique mais efficace
Vous incarnez un héros sans nom, lancé dans une quête pour sauver le royaume de Montelorne d’une menace ancienne. Votre aventure commence modestement : enquêter sur la disparition du gardien d’un phare. Rapidement, cette mission dévoile un complot bien plus sombre, mêlant cultes secrets, créatures corrompues et artefacts légendaires. Le vrai but ? Explorer un monde ouvert gigantesque, personnaliser votre héros sans limites, et vivre une aventure dont vous écrivez les règles.
L’intrigue, bien que traditionnelle (héros modeste contre force maléfique), sert de prétexte à un voyage riche en découvertes. Les quêtes principales et secondaires tissent un réseau de mystères, de trahisons et de légendes, avec des personnages hauts en couleur comme Rena la Théomancienne ou Fenris, un mage exilé. Les dialogues, désormais localisés en français, ajoutent une profondeur bienvenue, même si l’histoire reste secondaire face à la liberté d’exploration.
Une mosaïque de systèmes ingénieux
Le système de combat adopte une approche twin-stick à la fois fluide et intuitive, combinant attaques au corps à corps, à distance (grâce à l’arc ou à l’arbalète), ainsi que magie. Les enchaînements sont dynamiques, et la gestion de plus de 200 compétences permet une grande diversité d’approches. Il n’existe aucune classe prédéfinie : le joueur est libre de forger son propre style de jeu, que ce soit en devenant un mage guerrier, un archer invocateur ou encore un forgeron alchimiste. À la manière d’un Elder Scrolls, les compétences évoluent naturellement avec leur utilisation. En parallèle, un système stratégique permet de capturer des œufs, de faire éclore des créatures, puis de les entraîner afin qu’elles vous accompagnent au combat. Ce mécanisme, aussi original qu’addictif, enrichit encore davantage l’expérience.
L’aventure se déroule dans un vaste monde ouvert, mêlant forêts luxuriantes, donjons tortueux, passages secrets et puzzles à base de leviers ou de runes. L’exploration est récompensée par une multitude de découvertes, tandis que le crafting joue un rôle fondamental : il faut forger ses armes, préparer des potions ou concevoir son équipement en récoltant des matériaux via la chasse ou la pêche. Le jeu surprend aussi par ses mini-jeux intégrés, comme une session de pêche réinterprétée façon « Vampire Survivors », où l’on doit survivre à des vagues de poissons hostiles, ou encore « Deck Rock », un jeu de cartes stratégique rappelant Slay the Spire, avec ses propres quêtes, decks à construire et mécaniques dédiées.
Il est possible d’explorer les donjons en coopération, aussi bien en local qu’en ligne. Deux joueurs peuvent unir leurs efforts, accompagnés de leurs créatures et sorts, pour affronter des hordes d’ennemis. Toutefois, il faudra composer avec un affichage parfois chaotique en écran partagé.
Les contrôles se révèlent globalement réactifs, notamment une fois les bons réglages effectués — comme l’activation des attaques automatiques sur les gâchettes, qui améliore nettement le confort. Cependant, l’interface peut se montrer encombrante, avec des menus imbriqués et un manque de raccourcis qui ralentit la gestion de l’inventaire ou des sessions de crafting. À noter également un mode à la première personne, optionnel, qui ajoute une touche immersive à l’exploration, même s’il reste peu adapté aux combats.
Rétro-charme et limites techniques
La bande-son s’appuie sur des mélodies aux accents folkloriques et des thèmes épiques bien ancrés dans l’univers médiéval-fantastique. Si ces compositions ne marquent pas forcément les esprits, elles remplissent leur rôle avec efficacité. Les bruitages, quant à eux, retranscrivent convenablement l’action : le cliquetis des épées, les rugissements des monstres et les impacts magiques sont présents, même si aucun effet sonore ne sort réellement du lot. La grande nouveauté de cet épisode réside dans le doublage français, une première pour la série. Les dialogues sont bien localisés, mais certains termes ou intonations peuvent manquer de naturel, trahissant parfois une traduction un peu trop littérale.
Visuellement, le jeu adopte un style 2.5D soigné, avec des environnements en pseudo-3D et des sprites détaillés qui rendent un bel hommage aux classiques des années 90 et 2000. L’ensemble dégage un charme certain, même si la variété des décors laisse parfois à désirer : forêts, donjons et villages se répètent visuellement, ce qui atténue un peu l’envie de découverte. Cela dit, quelques effets visuels viennent égayer l’ensemble, comme les jeux de lumière dynamiques ou les explosions colorées, qui apportent un bon équilibre entre simplicité rétro et touches de modernité. On regrettera toutefois un bestiaire un peu trop classique, avec une surreprésentation de créatures génériques comme les rats, les araignées ou les squelettes, qui finissent par lasser au fil des heures.
La campagne principale peut être bouclée en une vingtaine à une trentaine d’heures, en fonction de l’implication du joueur et de son envie d’explorer. Les quêtes secondaires, le grind et les activités annexes gonflent toutefois la durée de vie de façon significative. Il faudra, par exemple, tuer soixante-dix exemplaires de chaque type d’ennemi pour compléter le bestiaire à 100 %, ce qui représente un véritable défi de patience — ou au moins une bonne réserve de café. La collecte d’objets, la pêche, la découverte de recettes et la maîtrise du crafting satisferont les complétistes. En revanche, le contenu post-game se révèle plutôt limité : aucune quête scénarisée supplémentaire à l’horizon, même si l’exploration libre reste un plaisir en soi.
Conclusion
9th Dawn Remake est une réussite pour les fans de RPG old-school et les joueurs en quête d’un monde ouvert pour s’y perdre. Malgré ses défauts (grind, UI perfectible), il brille par son ambition, sa profondeur et son respect pour le joueur. À 15€, c’est une aubaine.
LES PLUS
- Liberté totale de personnalisation
- Systèmes de jeu variés (pêche, cartes)
- Monde ouvert riche et explorable à l’infini
- Co-op amusant malgré le chaos à l’écran
LES MOINS
- Ennemis et décors parfois trop communs
- UI maladroite et menus complexes
- Grind excessif pour le 100%
- Mode 1ère personne peu abouti