Naviguer dans l’immensité des roguelikes est une aventure en soi, et Astral Flux, débarqué sur Nintendo Switch via l’eShop le 31 octobre 2024 après sa sortie Steam en 2022, tente de se frayer un chemin parmi les étoiles. Développé par Cosmocat et édité par Mindscape, ce titre mêle plateforme 2D, action frénétique et mécaniques roguelikes dans un écrin pixel art. Mais derrière son apparente simplicité se cache un défi spatial impitoyable. Est-il destiné à briller dans votre ludothèque, ou risque-t-il de s’éteindre comme une étoile filante ? Plongeons dans les abysses de ce voyage interplanétaire.
Un roguelike spatial exigeant au charme pixelisé
Cosmocat, studio indépendant derrière Astral Flux, mise sur une formule éprouvée mais personnalisée. Leur approche se distingue par un minimalisme assumé : histoire succincte, progression ardue et focus sur le gameplay pur. Ce choix artistique et design crée une identité singulière, mais expose aussi le jeu à des critiques sur son accessibilité et son équilibrage. Leur collaboration avec Mindscape pour l’édition assure une présence sur console, dont la Switch, cible idéale pour ce type d’expérience nomade.
Vous incarnez deux ferrailleurs spatiaux échoués dans un coin reculé de la galaxie après une panne de leur vaisseau (une étonnante voiture volante !). Votre mission : explorer des planètes hostiles et récolter des ressources pour réparer votre navire. Mais cette quête de survie basique se mue rapidement en une enquête sur des mystères intergalactiques bien plus profonds. L’histoire, distillée via de brèves cinématiques non intrusives, sert de prétexte à l’action tout en maintenant une ambiance intrigante, sans jamais étouffer le rythme effréné du jeu.
Agilité, stress et retour périlleux
Le cœur battant d’Astral Flux repose sur une boucle roguelike exigeante :
Exploration sous pression : Chaque niveau est procéduralement généré, peuplé d’ennemis variés (vers rampants, méduses lanceuses de projectiles, plantes toxiques…) et de pièges. Votre pire ennemi ? L’oxygène. Doté d’un timer implacable de 4 minutes et 56 secondes par défaut, il vous force à l’efficacité. Les bulles d’air (cachées dans des récipients cassables) et les zones « sûres » (comme près de certains arbres) sont rares et vitales.
Arsenal intuitif mais limité : Votre petit soldat dispose d’un jetpack (pour propulsions et sauts amplifiés), d’une arme à feu, d’une épée pour le combat rapproché, et d’une roulade/ dash essentielle. La maniabilité est fluide et réactive sur Switch (en Joy-Con ou Pro Controller), permettant des mouvements précis et des esquives nerveuses.
Le Boss et le Retour Maudit : Après avoir traversé le niveau, terrassez un boss unique à chaque planète pour obtenir un objet-clé. La mission est loin d’être finie : il faut regagner votre vaisseau en refaisant le chemin en sens inverse, face à des ennemis renforcés et plus agressifs. Cette phase ajoute une tension palpable et une originalité bienvenue.
Progression parcimonieuse : Contrairement à beaucoup de roguelikes, les upgrades permanents sont rares. Les « salles de défi » (vagues d’ennemis à survivre) offrent parfois le choix entre deux améliorations temporaires (ex: double saut, dégâts de mêlée accrus). Les « runes » cachées modifient des paramètres de run… mais augmentent souvent la difficulté sans récompense claire, une mécanique sous-exploitée et frustrante.
Un défi répétitif
La rejouabilité repose sur la maîtrise des niveaux procéduraux et la découverte des runes. Cependant, un écueil majeur ternit l’expérience : le premier monde (planète) est toujours identique. Cette répétition forcée des premiers instants, avec les mêmes ennemis et décors minéraux, peut lasser malgré la diversité ultérieure des environnements (forêts luxuriantes, fonds marins, usines mécaniques). La courbe de difficulté abrupte (le 2e boss est un mur pour beaucoup) et la rareté des upgrades significatifs demandent une persévérance extrême, réservant le jeu aux joueurs endurcis.
Si le style pixel art 2D semble conventionnel au premier abord, Astral Flux révèle une richesse visuelle surprenante au fil des planètes. Du désert pierreux initial aux forêts vibrantes, aux abysses bleutés et aux complexes industriels, chaque biome possède une identité forte, une faune et une flore distinctes. Les animations sont simples mais efficaces. La version Switch, comme la version Steam Deck, tire pleinement parti de ces graphismes peu gourmands, offrant un rendu net et fluide en portable comme sur TV.
La bande-son épouse parfaitement l’ambiance de chaque environnement, alternant entre mystère et tension. Le véritable atout réside dans les bruitages soignés : le crunch des feuilles en forêt, le splash des sauts aquatiques, le bourdonnement des machines, le son distinct des tirs et des coups d’épée. Ces détails sonores renforcent considérablement l’immersion et contribuent à la sensation d’explorer des mondes étrangers et hostiles.
Conclusion
Astral Flux sur Switch est un roguelike de plateforme exigeant qui ne fait pas de cadeau. Son mélange de gameplay nerveux, de pixel art charmant et d’immersion sonore fonctionne pour créer une expérience intense et gratifiante... pour ceux qui surmontent sa courbe de difficulté vertigineuse et acceptent ses contraintes sévères (oxygène, répétition du départ). Les mécaniques des runes et la rareté des upgrades manquent de finition. Si vous êtes un vétéran des roguelikes en quête d'un défi pur et impitoyable dans une ambiance spatiale, Astral Flux mérite votre attention, surtout dans sa version portable sur Switch. Si vous préférez une progression plus douce, de l'exploration ou une narration riche, ce voyage pourrait bien tourner au cauchemar asphyxiant. Heureusement, la démo gratuite sur l'eShop Nintendo reste la meilleure boussole pour savoir si ce Flux Astral est fait pour vous. Préparez votre combinaison et votre sang-froid : l'espace n'entend pas vos cris de frustration.
LES PLUS
- Gameplay nerveux et exigeant combinant plateforme, action et gestion de ressource (O²)
- Maniabilité précise et fluide sur Switch
- Diversité visuelle des biomes et pixel art soigné
- Immersion sonore réussie grâce aux bruitages d'ambiance
- Originalité du mécanisme de retour au vaisseau après le boss
- Satisfaction profonde dans la maîtrise progressive pour les joueurs persévérants
LES MOINS
- Difficulté très élevée et progression trop lente
- Timer d'oxygène (moins de 5 min) trop contraignant
- Premier monde obligatoire identique à chaque run
- Mécanique des runes peu gratifiante
- Retour au vaisseau post-boss artificiellement rallongeur