Un roguelite deckbuilding au tour par tour avec des trains qui explosent ? Quel est donc ce mystérieux Battle Train, développé par les Américains de Terrible Posture Games et de Nerd Ninjas et édité par Bandai Namco ? Est-ce que ce jeu, disponible sur l’eShop au prix de vingt euros depuis le 18 juin 2025, est la nouvelle pépite indépendante qui viendra garnir notre bibliothèque déjà bien fournie de roguelites ? Voici notre test !
Des trains qui explosent !
Battle Train nous place dans un mockumentary (documentaire parodique, à l’instar de Zelig ou C’est arrivé près de chez vous) qui décrit les coulisses de Battle Train, l’émission télévisée la plus regardée depuis près de trente ans.
Le reportage nous présente sous forme humoristique ses personnages et leurs défauts, que ce soit Aalvado, créateur, champion du show et un tantinet égocentrique, Hank, présentateur, scénariste, responsable de l’émission et lui aussi très porté sur sa réussite personnelle, mais aussi les petites mains comme Joice l’assistante blasée ou… Todrick, la tortue bien trop bienveillante d’une émission pour enfants.
Nous incarnons un des participants de l’émission qui essaie d’atteindre les sommets pour détrôner Aalvado de son piédestal. Le concept du jeu est plutôt simple. Nous sommes dans un roguelite deckbuilding au tour par tour qui pourrait presque s’assimiler à un jeu de société.
Sur un plateau, nous devons réussir à relier nos rails aux avant-postes ennemis afin que nos trains, chargés d’explosifs, puissent les détruire tout en évitant que notre adversaire attaque nos avant-postes.
Nous possédons un deck composé de quatre types de carte : les cartes rails, de toutes les formes (droit, courbé, carrefour, etc.) et de plusieurs types (normaux, spéciaux et puissants), les cartes capacités, qui nous permettent par exemple de déplacer l’avant-poste adverse à côté de notre base, les cartes explosives, comme les mines et les bombes, ainsi que les déployables comme les mortiers qui attaquent une zone à la fin du tour adverse.
Chaque carte possède un coût en minerai qui dépend de « l’efficacité » et de la puissance de la carte. Un rail puissant, qui permet de renforcer la capacité d’explosion du train (et donc ses dégâts) lorsqu’il roule dessus, est plus cher qu’un rail normal. La capacité susmentionnée qui permet de déplacer l’avant-poste adverse coûte quatre minerais.
Pour obtenir des minerais et donc pour pouvoir jouer des cartes, il faut soit récupérer les matériaux à usage unique disséminés çà et là sur la carte, soit relier nos gares à des mines. Les mines rapportent plus ou moins de minerais (entre 1 à 3) et il faudra jouer astucieusement pour gérer sa progression tout en empêchant celle de son adversaire.
Un concept maîtrisé et efficace
Nous piochons les cartes dans notre deck… mais aussi dans celui du plateau. Nous devons donc nous adapter à chaque partie à des mains qui varient d’un combat à l’autre… mais aussi à la carte qui peut être aussi favorable que capricieuse. Les avant-postes peuvent être proches les uns des autres comme très éloignés, ce qui nous oblige à réfléchir différemment à chaque combat.
Des largages tomberont aléatoirement sur des cases vides lors de chaque bataille et contiennent soit des cartes gratuites, soit des minerais. Ils peuvent influencer totalement le cours du combat… mais fort heureusement, des cartes peuvent nous aider à les récupérer sans effort.
Nous récupérons des cartes (à choisir parmi trois) à la fin de chaque combat, mais nous pouvons aussi en récupérer lors d’évènements ainsi qu’en boutique afin de créer un deck en fonction de nos envies.
Il est aussi possible de personnaliser son train en y changeant son châssis, ses roues, sa cabine, et même en y rajoutant des stickers et des chapeaux ! Ces changements, qui sont obtenus souvent aléatoirement (sauf en boutique), sont eux aussi indispensables pour la bonne réussite de l’aventure. En agençant intelligemment nos bonus, nous pouvons avoir des bombes surpuissantes ou des rails presque gratuits !
Battle Train ressemble dans sa progression à la grande majorité des roguelites du marché. Nous devons choisir entre trois chemins qui comportent des évènements prédéfinis. Nous pouvons nous battre, avoir un évènement aléatoire (comme un combat ou une carte gratuite), aller dans les boutiques, suivre l’histoire (qui nous rapporte un bonus) ou encore réaliser des mini-jeux.
Ces derniers sont multiples et offrent des bonus en fonction de leur réussite. Nous pouvons par exemple faire du touché-coulé, un autre mini-jeu jeu où nous avons un nombre de rails limités pour réussir à faire exploser tous les avant-postes, ou encore un dernier où nous devons faire exploser un avant-poste dans le bon timing afin que son explosion atteigne tous les autres.
Ces événements mènent à un boss qui aura ses propres capacités et son propre comportement. En cas de réussite face à un boss, nous pouvons de nouveau choisir un chemin jusqu’à la fin de la partie (il y a trois boss la grande majorité des dix premières heures).
Le jeu se démarque aussi par son côté Hades : le scénario et la progression sont intimement liés, et il faut avancer dans l’histoire pour voir le gameplay évoluer. L’aspect roguelite est cependant vraiment moins poussé, et les nouveautés à chaque partie sont limitées.
Un très bon jeu avec un scénario amusant…
Battle Train est un très bon jeu, avec un gameplay original, sympathique, addictif, un scénario maîtrisé et vraiment amusant, disponible à seulement vingt euros. Nous avons pris beaucoup de plaisir à parcourir ce titre et à exploser des trains.
Le concept, avec son aspect jeu de société, est original et parfaitement maîtrisé. Chaque combat s’avère stratégique : allons-nous plutôt jouer offensif, en détruisant les rails adverses, ou bien allons-nous poser des rails afin de rendre nos avant-postes inaccessibles ?
Faut-il privilégier la mine qui rapporte un seul minerai mais simple d’accès ou faut-il espérer les bonnes cartes rails pour foncer vers celle qui en rapporte trois ? Par ailleurs, la façon dont nous pouvons bloquer notre adversaire apporte un véritable sentiment de satisfaction.
Avoir de nouvelles cartes ainsi que de nouvelles personnalisations pour son train apporte de nouvelles stratégies qui s’avèrent souvent très efficaces face aux adversaires.
Le scénario, rythmé par le documenteur (mockumentary), est parfaitement maîtrisé. Nous prenons un réel plaisir à suivre les tribulations des personnages, avec Aalvado qui, obsédé par l’unique audimat qui manque à l’émission (la petite enfance), va apporter des changements… radicaux dans le show.
L’humour, aidé par un doublage anglais qualitatif, est réussi. Chaque saynète possède sa petite blague, son petit moment comique, et le format narratif du documentaire permet aux personnages de nombreuses digressions qui nous mettent le sourire aux lèvres.
Nous aimons chaque personnage de Battle Train et nous apprécions leur évolution jusqu’au climax. Ils ont tous une pierre à apporter à l’édifice et nous avons même (un peu) d’empathie pour le protagoniste.
… Mais qui souffre de défauts assez importants (répétitivité notamment)
Dans le paysage vidéoludique chargé des roguelites, Battle Train aurait pu se placer dans le très (très) haut du panier… si sa progression n’était pas émaillée de problèmes de rythme qui rendent l’expérience répétitive.
Le jeu reste agréable et de très bonne facture, mais comme il faut avancer dans l’intrigue pour avancer dans le gameplay, que les parties sont très longues (une heure environ), nous nous sentons obligés de sélectionner le chemin avec les saynètes afin de progresser.
Par conséquent, nous perdons le plaisir que peut procurer par exemple un Slay the Spire, car nous sommes « imposés » par le jeu de choisir une voie, et nous ne sommes plus responsables de nos mauvaises décisions.
Ce manque de coordination entre l’histoire et le scénario frustre le joueur. D’un côté, il a parfois fallu terminer la partie (et donc patienter plus de quarante minutes) pour débloquer de nouvelles scènes, et de l’autre, il faut parfois trois voire quatre parties (donc quatre heures) pour observer des infimes variations dans le gameplay.
Ce dernier ne se renouvelle que très peu et même si le contenu est conséquent, nous revoyons les mêmes ennemis, les mêmes boss, les mêmes types de cartes, les mêmes mini-jeux avec finalement peu de variétés dans les mécaniques.
Nous nous apercevons très vite que le jeu est assez facile en utilisant les déployables (que les adversaires détruisent très rarement) et Battle Train nécessite plus de chance que de stratégie, ce qui amenuise le plaisir.
Cela n’enlève rien aux qualités du jeu, qui, pour vingt euros, est une très belle expérience que nous recommandons sans problème, et nous gardons un souvenir positif de cette aventure. Le prix est raisonnable, sachant qu’il faut entre douze à vingt heures pour terminer l’histoire (en fonction de votre niveau et de votre envie de terminer l’histoire).
Les graphismes, eux, sont de qualité. Si les cartes, les rails ainsi que le décor des combats peuvent sembler un peu ternes (mais ils sont cohérents avec le récit), les excellentes cinématiques rehaussent le niveau avec par ailleurs une réalisation soignée (dans le mouvement des plans).
La bande-son subit les mêmes problématiques. La musique est sympathique mais elle devient répétitive, surtout lors des combats qui peuvent s’éterniser. En revanche, le doublage et la direction des comédiens sont de qualité et permettent de vivre cette histoire de la meilleure façon possible.
La version Nintendo Switch est intéressante. Le jeu est entièrement tactile, même si l’expérience est plus agréable à la manette. Il manque des options de confort qui peuvent gêner le joueur, comme la taille des sous-titres (ces derniers sont assez petits) ainsi qu’une option pour accélérer le tour des adversaires.
Nous vous joignons une vidéo de plus de trente minutes de gameplay réalisée par nos soins lors de notre toute première découverte du jeu.
Conclusion
Battle Train est un très bon jeu… qui souffre aussi de nombreux défauts qui pourraient freiner de nombreux acheteurs potentiels. D’un côté, le gameplay est original, sympathique, et assez addictif, l’histoire est très drôle avec un doublage anglais de qualité, mais de l’autre, le rythme narration / gameplay est mal maîtrisé, renforçant une répétitivité déjà très présente. Une expérience à essayer, mais pas à tout prix.
LES PLUS
- Un concept original
- Un gameplay sympathique avec des trains et des explosions
- Un jeu assez stratégique de prime abord
- Une histoire très fun sous forme de documentaire
- Derrière la comédie, un récit maîtrisé avec des personnages de qualité
- Des cinématiques réussies
- Un doublage de qualité
- Seulement vingt euros
LES MOINS
- Une alternance gameplay / narration mal maîtrisée
- Un manque de variétés dans les cartes, les boss, les décors, etc.
- Finalement, un jeu très répétitif, même pour un roguelite
- Une seule façon de joueur suffit pour gagner à chaque fois