L’univers horrifique et déjanté de Willy’s Wonderland, popularisé par le film éponyme mettant en vedette Nicolas Cage, a fait son entrée en 2024 sur Nintendo Switch avec Willy’s Wonderland – The Game. Ce titre, développé par QUByte Interactive et Mito Games se présente comme une adaptation directe du film, et propose aux joueurs de se glisser dans la peau du concierge taciturne, chargé de survivre à une nuit cauchemardesque face à des mascottes animatroniques possédées. Vous voyez arriver toutes les composantes d’un mauvais jeu ? Vérifions tout de suite…
Ciao Freddy, coucou Willy
L’intrigue de Willy’s Wonderland – The Game, il faudra vous l’inventer si vous n’avez pas vu le film, car vous démarrez directement le jeu sur un écran “Start” ou “Options”, pas de cinématique, de texte, d’écran fixe ou quoi que ce soit pour relater la moindre bribe d’histoire. Surement très confiants quant à la popularité du film auprès du grand public, les développeurs n’ont pas cru bon de balancer ne serait-ce qu’un timbre-poste aux joueurs histoire de les mettre dans le contexte.
Nous allons donc partir du principe que l’histoire est la même que le film : vous incarnez un étranger silencieux et taciturne dont la voiture tombe en panne dans une petite ville isolée. Pour payer les réparations, il se retrouve contraint de passer la nuit en tant que concierge dans un parc d’attractions abandonné, le fameux Willy’s Wonderland. Ce qui devait être une simple nuit de nettoyage se transforme rapidement en un combat pour la survie lorsque les mascottes animatroniques du lieu se réveillent et tentent d’éliminer quiconque ose s’aventurer dans leurs murs.
Grosso modo, on reprend une série de jeux qui avait bien marché : Five Nights at Freddy’s, et on en fait un film détourné en horrifico-baston, qu’on réadapte ensuite en jeu. L’idée était loin d’être bonne, et le résultat final est encore pire. Willy’s Wonderland – The Game est un beat’em up 2.5D. L’objectif principal est d’avancer dans des couloirs et de survivre aux vagues d’animatroniques qui vous attaquent.
Le Game-Plat
Deux personnages sont jouables en coop locale, le premier étant un ersatz de Nicolas Cage, mais du coup sans droit à l’image, on se retrouve avec un personnage lambda à l’opposé, un costaud sans style, blond, avec un pansement sur la joue. Et Liv, une petite bagarreuse brune. Ne vous attardez pas sur la recherche d’une fiche de personnage avec des caractéristiques, comme on en trouve dans tous les classiques du genre. Ici, les deux héros se jouent de manière identique, et font exactement les mêmes dégâts, possèdent exactement les mêmes coups, et nous ennuient profondément dans leur gameplay, de la même façon !
Le cœur du gameplay, si on peut appeler ça comme ça, réside dans le combat brut. On retrouve des mouvements classiques du style Beat’em up, comprenant des attaques légères et lourdes, une garde, un saut, un dash qui a une jauge de recharge et un coup spécial sous forme de tourbillon, rechargeable également. Le système de combat est simple à prendre en main, mais manque désespérément de profondeur. On retrouve peu d’ennemis différents dans chaque niveau, mais on a bien chaque mascotte du film. Les schémas d’attaque sont relativement prévisibles. Le défi vient principalement du nombre d’ennemis et de leur capacité à vous submerger si vous ne gérez pas bien les foules, et les hitbox qui seront vos pires ennemis. Les coups ne touchent pas toujours, les ennemis, eux, ne vous ratent pas. Et les dégâts vont assez vite dans les deux sens.
Vous trouverez ça et là des objets pour restaurer votre santé en démontant les quelques éléments de décor de l’environnement. Un mode coopératif local est disponible, permettant à un ami à qui vous voulez du mal, de vous rejoindre pour partager 30 minutes de jeu. Car oui, au-delà d’un gameplay insipide au possible, vous ne passerez pas plus d’une demi-heure – et encore en traînant – sur le jeu. Chaque mission se réalisant en moyenne entre 2 et 3 minutes, votre calvaire ne sera donc que de courte durée.
Ne comptez pas non plus trouver de la rejouabilité, en dehors de l’option de difficulté ajustable. Pas de feinte ni de bonus, le jeu est bel et bien vide de contenu. Heureusement il est proposé à un tarif attractif, mais pour un prix identique ou approchant, vous pouvez trouver un bien meilleur rapport qualité-prix.
Un jeu PS1 ?
Décidément, ce Willy’s Wonderland – The Game cumule les tares… Les graphismes sont corrects de loin, mais on ne peut s’empêcher de repenser à l’ère PS1 avec un petit lissage pour la forme, en voyant les modèles 3D et la composition générale graphique. On pouvait s’attendre à une ambiance sombre et usée correspondant à l’univers du film, Mais au contraire, les textures et la modélisation vont chercher dans le cartoony et le coloré, presque cel-shadé. L’animation est rigide, les environnements peu détaillés, tout semble donner une impression de vide.
Le jeu tourne heureusement de manière fluide, et en mode docké, l’image est légèrement plus nette, mais honnêtement, les lacunes visuelles ne viennent pas de la machine mais bien du jeu, et cela reste donc perceptible.
Le plus gros point fort, sur lequel nous préférons clore ce test, réside dans les musiques. Alors évidemment, il faudra aimer les compositions Rock/Métal, et garder à l’esprit qu’on essaye de trouver au moins quelque chose à sauver de tout ça. Les chansons ne sont pas mémorables, mais au moins elles amènent une dynamique brutale qui donne envie de cogner ces vilaines bestioles mécaniques.
Willy’s Wonderland – The Game est disponible depuis le 13 juin 2024 sur l’eShop au prix de 4,99 euros, en anglais.
Conclusion
Willy's Wonderland - The Game est un titre qui a le mérite d’être proposé à un prix très attractif, et d’avoir une coop locale 2 joueurs. Mais on ne peut pas passer à côté de trop nombreux points faibles sur le titre, le jeu souffrant d'un manque de profondeur dans son gameplay, de graphismes tout juste corrects et d'une durée de vie extrêmement limitée. Les fans inconditionnels du film -si il y en a - n’y trouveront pas non plus leur compte, puisque le personnage principal du film n’est pas réellement incarnable dans le jeu et que l’ambiance générale n’y est pas non plus. Il semble évident que le jeu n’a pas eu un budget colossal pour cette adaptation, mais au-delà du budget, est-ce qu’il fallait vraiment faire ce jeu ?
LES PLUS
- Mode coopératif local
- Le prix
- Les musiques rock / métal
LES MOINS
- Pas le moindre contexte “d’histoire”
- Durée de vie limitée (30 minutes)
- Répétitif, très répétitif, même sur un titre si court
- Manque de profondeur absolu dans le gameplay
- Les hitbox pas toujours stables
- Graphismes datés et animations rigides
- Environnements vides
- Ne colle pas à la direction artistique du film
- Nous ne pensions pas dire ça, mais : “Où est Nicolas Cage ?”
- Aucune rejouabilité