Nintendo intensifie sa guerre contre le piratage de ses jeux Switch. Dans une action en justice déposée contre James C. Williams, plus connu sous le pseudonyme « Archbox », la société japonaise demande à la justice américaine de lui accorder 4,5 millions de dollars de dommages et intérêts. Ce modérateur Reddit est accusé d’avoir orchestré un vaste réseau de distribution illégale de jeux Nintendo Switch.
Un Réseau de Piratage à Grande Échelle
Selon les documents judiciaires, Williams aurait créé et géré plusieurs « magasins pirates » en ligne – dont JITS, Turtle in the Shop, NekoDrive et LiberaShop – permettant le téléchargement gratuit de milliers de jeux Switch piratés. Ces plateformes, hébergées sur des serveurs et services de stockage cloud comme Google Drive, auraient distribué « des centaines de milliers » de copies illégales de jeux Nintendo.
Le réseau s’appuyait sur une communauté Reddit « SwitchPirates » comptant près de 190 000 membres, dont Williams était un modérateur actif. Il y donnait des conseils techniques pour utiliser les magasins pirates et le logiciel de contournement des protections, et organisait même des collectes de cartes-cadeaux Nintendo eShop pour acheter des jeux ensuite copiés et distribués illégalement.
L’accusation met en lumière la sophistication des méthodes employées. Williams ne se contentait pas de distribuer des jeux piratés : il créait et distribuait également des logiciels de contournement des mesures techniques de protection (TPM) de Nintendo, essentiels pour permettre l’installation et l’utilisation des jeux illégaux sur les consoles Switch modifiées.
La plainte souligne le caractère délibéré et organisé des activités : « La plupart d’entre nous qui avons hacké notre Switch sommes, comme vous l’avez dit, des pirates et n’allons pas donner 50 dollars à Nintendo pour un jeu », aurait déclaré Williams selon les documents.
Nintendo justifie le montant des dommages et intérêts demandé par « l’ampleur des violations » et le caractère volontaire des infractions. La société souligne que Williams a continué ses activités même après avoir reçu une mise en demeure en mars 2024, et qu’il a tenté de dissimuler des preuves en supprimant des comptes et publications.
Outre les dommages financiers, Nintendo demande une injonction permanente interdisant à Williams toute future activité de piratage liée à ses produits. Le défendeur, qui n’a pas contesté les accusations, risque de voir la justice accéder aux demandes de Nintendo.
Ce cas s’inscrit dans la stratégie agressive de Nintendo pour protéger sa propriété intellectuelle. L’entreprise avait déjà obtenu gain de cause dans plusieurs affaires similaires, avec des dommages atteignant jusqu’à 6,7 millions de dollars dans des cas précédents.
L’affaire est suivie par le tribunal de district de l’État de Washington. Le jugement est attendu dans les prochains mois.








