La série des Skautfold, si elle en est déjà à son cinquième opus sur PC, arrive doucement sur nos Nintendo Switch. Ainsi après Skautfold : Shrouded in Sanity, qui avait su recevoir les honneurs de notre testeur Dante, c’est au tour du deuxième opus de la licence, Skautfold : Usurper, de débarquer pour nous emmener dans son monde largement inspiré des œuvres de H.P. Lovecraft. Mais comme toute bonne série créée par un développeur solitaire, Skautfold explore un tout nouveau gameplay, l’occasion pour nous de replonger dans ce monde uchronique et de voir si Steven Gal maîtrise toujours son sujet.
Lovecraft mon amour
Skautfold : Usurper prend toujours place dans un Londres victorien de 1898, mais qui serait le centre de l’empire angélique de Britannia et qui surtout aurait pris sur le coin de la figure une citadelle géante venant de l’outre-monde causant panique et destruction tout en libérant en passant un gaz rendant un tantinet fou. Bref, un jeudi normal pour les consommateurs de Carrot Pie. Mais cessons ces digressions culinaires et revenons-en à notre histoire.
L’impératrice Eleanor nous a envoyé, nous un chevalier de la garde royale, enquêter sur ce monolithe si gênant pour la circulation des calèches et nous en sommes morts. Heureusement pour nous, Waltham, un rival du dirigeant de cette citadelle, le bien nommé Navigateur, a décidé de prendre la place de celui-ci en le défiant. Ce combat s’est soldé par un match nul, mais notre Waltham se voit contraint de s’enfuir en empruntant notre corps qu’il a, pour le coup, ramené à la vie.
Commencent alors nos déambulations dans ce monde étrange sous le contrôle d’un Waltham qui profitera de nos aptitudes au combat tout en nous faisant profiter des capacités liées au monde occulte et notamment aux dieux lovecraftiens. Cette histoire est vite prenante et avance rapidement. Nous sommes de suite plongés dans cet univers mélangeant énormément de références, pas toujours très finement, qui nous tirent toujours un petit rictus lorsque nous les décelons.
Si Skautfold : Usurper est la suite directe de Shrouded in Sanity, il n’est pas nécessaire d’avoir joué au premier opus de la série pour profiter de celui-ci. Les événements contés sont indépendants et si nous retrouvons certaines mentions de personnages communs aux deux titres, à aucun moment nous ne sommes perdus dans cette histoire finalement assez simple, mais bénéficiant d’un univers très étendu. Ce monde mêlant Nyarlotothep à des chevaliers dans un Londres ravagé est clairement ce qui fait le charme de la série des Skautfold et encore une fois, nous ne sommes pas déçus du voyage.
Je monte la garde !
Là où le pari est bien plus risqué pour le développeur solitaire Steven Gal, c’est au niveau du gameplay. Finie l’horreur aventure du premier opus, c’est à un métroïdvania auquel il va nous falloir nous attaquer maintenant. Et sur quoi juge-t-on un métroïdvania ? Sur son gameplay de base et ses évolutions ainsi que sur son level-design. Voici donc les trois points qui vont nous intéresser dans les quelques lignes qui vont suivre et qui seront pour nous l’occasion de voir qu’un tel genre ne se maîtrise pas si facilement.
Entrons directement dans le vif du sujet avec la mécanique principale qui sera sans doute la plus clivante, celle de la garde. Notre avatar possède deux jauges. Une de vie, classique et une de garde. Cette dernière, comme son nom l’indique nous protège des coups. Ainsi tant que notre jauge de garde est positive, car oui elle peut être négative, notre barre de vie est sauve et nous pouvons continuer à avancer.
Toutefois, toute frappe ennemie ainsi que toute action de notre part, incluant ainsi les coups lancés et les esquives, entraînent une consommation de notre jauge, les foufous du bourrinage de boutons, il va falloir passer votre chemin sous peine de voir les game-overs s’enchaîner rapidement. Petite subtilité, si utiliser la touche d’esquive n’importe comment consomme de la garde, réussir une esquive parfaite nous permet de remplir cette jauge. Il va donc falloir prendre notre temps pour bien appréhender chaque attaque de nos ennemis et notamment des boss pour ainsi pouvoir avancer sereinement.
Si cette mécanique se montre très intéressante durant les combats de boss, elle ruine complètement la tension durant les phases d’exploration. Il est quasi-impossible de perdre de la vie, nous avançons aussi sereinement que possible en affrontant des monstres qui, au pire des cas, nous laissent le temps de nous enfuir pour récupérer de la garde avant de repartir les affronter. Cela nous laisse toutefois le temps de maîtriser le vaste arsenal qui nous tombe sous la main.
Le plaisir dans la multitude
En effet, à ce système de base s’ajoutent quelques mécaniques plutôt agréables, dont la première concerne nos armes. Celles disponibles sont très nombreuses. Dès la première heure de jeu, nous n’en récupérons pas moins de six. Chacune ayant une force, une consommation de garde et un timing d’utilisation bien différents. Entre la hache, la faux, l’épée longue ou le katana, il y a de quoi satisfaire tous les types de joueurs.
Nous débloquons ensuite rapidement, grâce à la monnaie acquise en détruisant les monstres : la Vitae, des sortilèges que nous pouvons assigner, tout comme les armes, à la croix directionnelle, ce qui nous permet de nous créer notre équipement de base et d’en changer à la volée pour l’adapter à la situation. Même si globalement, une fois notre arme de base choisie, nous nous contentons de sélectionner sa forme la plus puissante.
Nous pouvons aussi débloquer, en développant un tantinet notre côté explorateur, des monstres de compagnie qui peuvent ensuite nous accompagner durant nos pérégrinations et ajouter différents types d’attaques aux nôtres. Une fois plusieurs de ces créatures débloquées, il nous faut choisir celle qui nous suivra, une seule pouvant être à nos côtés, cela ajoute encore un peu plus à la diversité des façons de jouer.
Enfin, Metroïdvania oblige, nous allons récupérer de nouvelles capacités qui nous permettront d’aller toujours plus loin dans notre découverte de cette forteresse. Depuis la possibilité d’agripper aux murs jusqu’au bouclier réflecteur, le cahier des charges est complété avec classicisme et permet à ce Skautfold : Usurper de se renouveler régulièrement. Enfin, un système d’expérience et de niveaux va nous permettre d’augmenter les capacités de notre chevalier à travers huit statistiques. Si l’idée de base est bonne, nous nous rendons vite compte que la garde aura une importance prépondérante, suivra ensuite la statistique directement liée à notre arme de prédilection.
L’inégalité révélée
Terminons ce test avec la partie technique. Si nous sommes accueillis par de très beaux visuels entièrement dessinés avec talent, nous déambulons ensuite dans des environnements en pixel art. Ceux-ci sont de qualité, se montrant à la fois variés, suivant la pièce dans laquelle nous nous trouvons, tout en étant à chaque fois emplis de détails. En fonction de notre avancée, des changements s’effectuent et il est toujours plaisant de revenir sur nos pas pour découvrir comment ces lieux évoluent.
Une fois en jeu, les têtes des différentes protagonistes sont toutes différentes avec une mention spéciale pour les monstres qui peuplent ces lieux, toutefois le travail sur les sprites de tous ces personnages est nettement moins réussi et il est rare de trouver des similitudes entre ce qui s’anime à l’écran et la personne qui nous parle. De plus, ces sprites peinent à se renouveler et nous combattons toujours les mêmes monstres parmi lesquels seuls les boss surnagent un tant soit peu et même eux manquent de volume pour devenir effrayants.
La bande-son s’adapte bien plus à l’ambiance des lieux avec des mélodies douces et graves jouées à l’orgue et qui ajoute encore un peu plus au sinistre des lieux visités et des personnages rencontrés. La prise en main est impeccable et nous évite, malgré la somme importante d’armes disponibles, des allers-retours pénibles dans un menu que nous ne parcourons que rarement si ce n’est pour observer une carte qui ne nous mâche jamais le travail. Nous n’avons aucune indication sur le lieu où nous nous trouvons. C’est excellent pour l’exploration, mais une meilleure définition aurait été agréable.
L’IA de certains monstres subit les mêmes problèmes de manque de moyens. Si la plupart ont des patterns très classiques pour le genre, d’autres ne réagissent que lorsque nous leur faisons face. Ainsi, il suffit de leur tourner le dos avec une arme qui peut infliger des dégâts dans notre dos pour en venir facilement à bout. Le reste du temps, nous ne sommes que rarement obligés d’esquiver tant le challenge est à la portée de tout joueur.
Conclusion
Avec son système de combat original, Skautfold : Usurper est un Metroïdvania qui tente quelque chose de nouveau et qui fonctionne plutôt bien. De plus, sa narration et son univers, largement inspirésp des récits horrifiques d’H.P. Lovecraft, sont de suite prenants et nous donnent toujours envie d’aller plus loin dans cette histoire où l’ambiance sombre est parfaitement retranscrite. Toutefois, le titre de Steven Gal accuse régulièrement son manque de moyen autant en termes de sprites que concernant l’IA des monstres. Mais la petite dizaine d’heures passées en compagnie de ce Skautfold : Usurper a été à la fois plaisante et rafraîchissante pour le genre. Un titre sans prétention, mais qui fait les choses avec amour pour notre plaisir.
LES PLUS
- Les graphismes sont soignés et détaillés
- Les décors évoluent avec notre avancée et se renouvellent régulièrement
- La mécanique de garde nous oblige à être patients durant les phases de boss
- L’esquive devient prépondérante
- Le nombre d’armes différentes est très important
- Les liens avec l’univers de Lovecraft sont étonnants
- La narration est prenante du début à la fin
- Le challenge est à la portée de tous les joueurs
- La durée de vie est correcte pour le tarif
LES MOINS
- Certains sprites sont très éloignés de leur version dessinée à la main
- La mécanique de garde ruine la difficulté lors des phases d’exploration
- Le système d’expérience est peu nécessaire
- Certains ennemis sont vraiment idiots
- Le challenge est à la portée de tous les joueurs
- La carte manque cruellement de détails