Et si, dans un futur lointain, notre seul espoir résidait dans une alliance entre les derniers humains et des robots bienveillants ? C’est le postulat de départ de Lynked: Banner of the Spark, un titre qui ose mélanger les genres avec audace. Développé par FuzzyBot et publié par Dreamhaven, ce jeu se présente comme une fusion entre un action-RPG trépidant et un simulateur de vie communautaire relaxant. Après avoir passé une vingtaine d’heures dans son univers coloré sur Nintendo Switch 2, on dresse le bilan de cette expérience aussi singulière qu’inégale.
Un monde en ruines, une lueur d’espoir
Nous sommes en l’an 30XX. Le monde, au bord de l’effondrement à cause du changement climatique et des guerres, a été sauvé puis plongé dans une nouvelle ère obscure par les robots qu’il avait créés. Une faction de robots malveillants, l’ancien « Bannière de l’Étincelle » devenu tyrannique, asservit maintenant ses pairs, les Unibots. Le joueur incarne l’un des derniers humains, emprisonné au début de l’aventure. Sa rencontre avec Buddy, un Unibot sympathique, marque le début d’une alliance pour libérer ce monde et reconstruire une communauté.
L’histoire, bien que servant principalement de prétexte à l’action, imprime un ton résolument optimiste. Elle ne révolutionne pas le genre, mais elle offre un cadre narratif cohérent et porteur de cette dualité gameplay qui fait l’identité du titre.
Le cœur de Lynked: Banner of the Spark bat au rythme de deux expériences distinctes mais interconnectées.
La partie action se déroule dans des donjons ou des arènes, où l’affrontement contre des vagues de robots ennemis est de mise. Le joueur dispose d’une panoplie d’armes (épées, griffes, marteaux, et même une guitare électrique) et est accompagné de son partenaire mécanique, Buddy, qui se transforme en un grappin nommé le Wyre. Ce grappin est au centre de la mécanique de mouvement et de combat : il permet de s’accrocher aux ennemis, de s’élancer à travers les salles, ou de projeter des objets. Cette mobilité est exaltante et ajoute une dimension stratégique bienvenue.
Cependant, le combat montre rapidement ses limites. Malgré une dizaine de classes d’armes et plus de 80 variantes, la sensation de répétition s’installe. Les ennemis, bien que variés, manquent parfois de challenge et de capacité à surprendre sur la durée. Le système de progression temporaire, avec des modificateurs (mods) aléatoires acquis auprès du forgeron Smithy pendant les missions, tente d’apporter de la variété. Ces mods, qui offrent par exemple une chance d’empoisonner l’ennemi ou de récupérer de la santé, ne persistent malheureusement qu’une mission. Si cela encourage l’expérimentation, cela contribue aussi à un sentiment d’instabilité dans la progression de la puissance du personnage. Le système de défense, limité à une simple roulade, peut se révéler frustrant face à des assauts groupés.
Heureusement, la possibilité d’emmener en mission des Unibot sauvés, qui agissent comme des compagnons IA, ou de jouer en coopératif à trois joueurs, vient dynamiser et complexifier les combats, même si les serveurs sur Switch 2 semblaient déserts lors de notre test.
La simulation de vie apaisante
L’autre moitié du jeu est dédiée à la construction et à la gestion d’un village pour les Unibots sauvés. Chaque robot libéré apporte un nouveau bâtiment (forge, boutique, cuisine) et de nouvelles fonctions. Cette boucle de gameplay, calme et créative, est une véritable bouffée d’air frais. Personnaliser son havre de paix, récolter des ressources, pêcher, et voir sa communauté s’épanouir crée un sentiment de progression tangible et attachant. C’est dans ces moments que le jeu dévoile toute sa personnalité et son cœur. Certains pourraient lui reprocher un manque de friction ou d’enjeux temporels (pas de course contre la montre, tout est à son rythme), mais cela correspond parfaitement à l’ambiance « cosy » qu’il souhaite instiller.
Sur Nintendo Switch 2, le jeu tourne à un cadencement de 60 fps stable, une nette amélioration par rapport aux 30 fps parfois hésitants de la version sur Switch. Les temps de chargement, bien que présents, sont réduits. L’esthétique colorée et cartoonesque du jeu, avec ses robots expressifs et ses environnements variés (ruines futuristes, forêts mécaniques), est mise en valeur. Cependant, quelques bugs et ralentissements ont été observés, notamment lors du chargement des niveaux où le personnage peut figer brièvement avant que l’animation ne reprenne. L’interface des menus de craft peut aussi paraître surchargée. On sent tout de même que c’est juste une version Switch 1 légèrement optimisée pour tourner à 60 fps et diminuer les temps de chargement. Aucune texture n’est refaite et on garde un certain flou typique d’un portage Switch 1.
La bande-son alterne entre des thèmes énergiques pendant les combats et des mélodies plus sereines dans le village. Elle est de bonne facture sans être mémorable. Les effets sonores sont bien calibrés, et les Unibots communiquent par des bips et des sons électroniques, ce qui leur confère un charme certain et renforce l’immersion dans cet univers robotique.
Avec sa campagne principale, ses nombreuses quêtes secondaires (qui poussent à explorer toutes les facettes du gameplay) et l’envie de perfectionner son village, Lynked offre une durée de vie conséquente. Le système de « rogue-life » – cette fusion entre la progression aléatoire des donjons et la construction permanente du village – se révèle être une idée excellente pour maintenir l’engagement sur le long terme.
Conclusion
Lynked: Banner of the Spark sur Nintendo Switch 2 est une aventure ambitieuse qui parvient, non sans quelques accrocs, à créer une symbiose intéressante entre deux genres a priori opposés. Si son combat manque de profondeur et peut verser dans la répétition, et que quelques problèmes techniques persistent, son âme réside ailleurs. La construction de sa communauté robotique, portée par un style visuel charmant et une ambiance résolument positive, est une expérience profondément satisfaisante et attachante. Ce n’est pas une révolution, mais c’est une proposition unique et chaleureuse qui trouvera sans doute son public parmi les joueurs en quête d’une aventure action détendue et créative.
LES PLUS
- Une fusion originale et réussie entre action-RPG et simulation de vie
- L'aspect construction de village, profondément attachant
- Univers coloré, cohérent et porteur d'un bel optimisme
- Le grappin offre une mobilité ludique et stratégique
LES MOINS
- Un combat qui devient répétitif sur la durée
- Progression des armes, permanente, peu claire et trop lente
- Quelques bugs et ralentissements techniques
- Une bande-son correcte mais peu mémorable









