« Je dédie ce jeu aux voix dans ma tête. » Bien que ne concernant pas le tout premier jeu de Vikintor, cette petite phrase d’accroche démontre néanmoins assez bien dans quelle direction va la création de tous ses jeux, quatre à l’heure actuelle, dont trois sont trouvables gratuitement sur PC. Il est néanmoins important de préciser que ces jeux sont PEGI 18 et clairement orientés glauque-morbide horrifique et ce, malgré des graphismes de type pixel-art agréablement rétro. Plus important encore, ces jeux ont parfois des déclenchements lumineux, les rendant à déconseiller aux personnes épileptiques ; vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenu lorsque vous convulserez au premier jump scare !
S’il est de norme pour beaucoup de studios indépendants de commanditer auprès d’artistes les musiques de leurs jeux ou encore de se répartir la création du jeu entre un graphiste et un codeur, ce n’est ici pas le cas : Vikintor, développeur Brésilien, est à la conception intégrale. Malgré tout, le port et l’édition de cette version Nintendo Switch ont été exécutés par deux autres studios.
Loin d’en être à son coup d’essai, Vikintor en est déjà à son quatrième jeu publié, celui-ci s’avère cependant être le seul de payant et proposant donc une expérience suffisamment longue et sans bugs. Si vous êtes intéressés d’appréhender Tamashii, il vous est possible de tester le troisième de ses jeux qui s’avère être une alpha non aboutie, très proche sur de nombreux concepts et designs du jeu Tamashii, et il est téléchargeable gratuitement sur le site de l’éditeur (lien hypertexte ? https://vikintor.itch.io/estigma). Ainsi donc, son premier jeu payant sort en mars 2019 sur PC via la plateforme Steam à moins de 4 € et ne sort que près d’un an plus tard sur l’hybride de Nintendo, la Switch, au tarif peut-être un poil abusif de 11,99 €, trois fois le prix de la mouture pour ordinateur, d’autant plus qu’à l’inverse de certains titres au prix supérieur sur Switch, le jeu n’a pas le pack de musique en plus de la version PC, un DLC, ni même l’ajout préemptif des langues majeures du marché du jeu-vidéo : l’espagnol, le japonais, le français ou l’allemand, par exemple, font donc partie des grands absents. Et c’est très dommage encore une fois, puisque le jeu se targue d’une petite histoire à choix…
Notez d’ailleurs que, à l’inverse de la version PC, l’onglet config est toujours présent, mais n’est pas sélectionnable, malgré plusieurs tentatives de désinstallation puis réinstallation. Peut-être ont-ils juste oublié de retirer l’option par rapport à la version PC ou oublié de programmer les différentes options paramétrables…
Le jeu est de base en portugais-brésilien et sa version anglaise m’a semblé comporter quelques erreurs, mais je ne suis pas une référence en la matière. Le jeu commence immédiatement par du lore, via des textes que vous pouvez prendre le temps de lire, voire traduire à la manière des dialogues dans un Pokémon, ce qui est important quand on ne maîtrise pas parfaitement l’une des deux langues présentes dans le jeu. Vous voilà donc incarnant une créature probablement divine et envoyé, tel notre pauvre Luigi, nettoyer un temple de sa vermine : en effet habité, sinon même squatté par de terribles engeances démoniaques à l’allure plus malsaine que terrifiante, ceux-ci feront office de boss après plusieurs petits niveaux sous forme de puzzle.
Si le jeu n’affiche quasiment que du noir, du blanc, et du rouge – et ce si on oublie quelques mécanismes d’autres coloris -, marquant sa patte graphique assez fermement et vous plongeant dans un monde lovecraftien aux mécaniques de jeu de type platformer et Metroid-like : alors, que donnerait un Mario sauce horreur ?
Les premiers instants de jeu nous donnent le loisir d’apprendre à jouer avant d’entrer totalement dans le vif du gameplay, cet apprentissage se fait avec quelques aides via des infobulles indiquées par des points d’interrogation au sol, les bulles de dialogues apparaissant et disparaissant selon qu’on se trouve sur des points précis ou que l’on en sorte (ne ruinant donc pas l’action en cours sans pour autant pouvoir passer à côté). Nous aurons donc assez peu d’action : sauter, double-sauter, avancer, descendre certaines plateformes en appuyant sur « bas » et le « clonage » qui n’a de clonage que le nom puisque les créatures ainsi invoquées ne serviront qu’à appuyer sur des plateformes. Il vous sera aussi possible de les faire bouger d’avant en arrière via des sortes d’interrupteurs qu’il faudra garder actionnés pour qu’ils restent en fonction. Notez que les apparitions des « clones » sont limitées et qu’ils disparaissent assez vite. De plus, ils ne ressemblent pas du tout à votre personnage.
Pour résumer, vous avez une croix directionnelle et deux boutons, avec ses couleurs assez peu variées et son sound-design pas toujours très adapté, on sent de suite une vibe très Game Boy, pas des plus désagréables, mais néanmoins assez déroutante. Beaucoup de choses ne sont pas faisables comparées à des jeux plus traditionnels : pas de possibilité de courir, de dash ou autres avancées fulgurantes. Pas plus que vous pourrez vous baisser pour voir plus bas ou éviter quelques tirs ennemis. Les sauts eux-mêmes peuvent parfois sembler un peu injustes mais il s’agira surtout d’une physique assez différente d’un Mario ou d’un Mega Man, qui nécessitera un parfait apprentissage pour venir à bout du jeu ; plus précisément, il faudra jouer avec une sorte de latence en l’air plus proche d’un saut de Peach que de Mario donc, mais pareil à aucun des deux. Il nous faudra donc désapprendre tout ce que l’on a appris (cf. Karate Tiger) sur le saut. Cela se fera avec un peu de rage et de patience au fil des différents niveaux qui composent le jeu.
Finalement quant au jeu lui-même, il s’agit surtout d’un hub façon Metroid pourvu de pièges et de différents accès à différents niveaux, dont certaines tranches ne sont accessibles qu’en ayant terminé d’autres parties du jeu. Il n’est jamais véritablement angoissant de les parcourir, surtout lorsque l’on comprend que les seuls ennemis du jeu, en dehors de quelques pièges à piques, lasers et monstres figés explosifs, ce sont les temps limités de vos clones pour déverrouiller les différents puzzles et les boss eux-mêmes, qui sont moins d’une dizaine, niveau caché compris, et que vous pourrez try hard sans faire toutes les portes et donc en sautant les niveaux les plus basiques. Cela étant dit, vous aurez accès à deux niveaux de difficulté pour chaque boss et avant-boss. Si la difficulté est effectivement plus importante, le jeu demande déjà parfois un skilling quasi parfait vis-à-vis de son peu de mécanique. Cela faisant que ce ne sera pas non plus réellement plus ardu que le mode de jeu plus facile. Cela évitera principalement de n’avoir qu’un à deux runs par boss et de venir à bout du jeu en moins de six ou sept heures.
En parlant du gameplay, le jeu explore un peu le concept d’un Evoland, en vous proposant d’autres mécaniques de jeu totalement différentes et toujours à deux boutons. Gardant donc le maniement intuitif et plaisant en plus d’être vraiment surprenant, on évite avec brio une certaine redondance. Je n’en dirais pas plus sur ses phases pour ne pas gâcher la surprise.
Un autre point de grande importance dans le jeu : les puzzles. Ceux-ci ne sont pas toujours cousus de fil blanc, on n’est pas ici dans un trop facile Legend of Skyfish ; on vous fera réfléchir, plus à la manière d’un Life Goes On. Certains semblent parfois complexes et ne se débloqueront que sur la compréhension d’un détail pourtant « évident », en clair : ils sont très bien pensés, et les plus faciles se retrouveront dans des situations dignes du Dahaka de Prince of Persia, ajoutant un poil de stress au jeu, si tant est que vous soyez suffisamment craintifs pour être totalement dans l’ambiance, car s’il est un point à reprocher au jeu, c’est qu’il n’est pas vraiment PEGI 18. OK, les boss ne portent pas de caleçon, mais aucun jump scare, ni aucune hémoglobine vraiment choquante ou effrayante. De plus, l’absence d’ennemis en dehors des boss me fais penser que Mario est bien plus violent que le héros de ce jeu.
Conclusion
Si le jeu est bon, que son ambiance est sympa, on est loin du jeu d'horreur méritant un PEGI 18, limite un PEGI 16 et encore... Sinon par quelques visuels à peine déroutants, le jeu se contente d'un univers lovecraftien assez basique et d'une histoire loin d'être choquante, et même plutôt plaisante. Les contrôles sont à la fois simples et suffisamment complexes dans certaines situations proches du pixel perfect pour les rendre suffisants, combinés à un rythme de jeu qui est parfois assez énervé et rythmé, on a le cocktail gagnant d'un bon petit jeu très plaisant pour quelques heures, mais guère plus : on n'est ni dans la révolution du genre ni dans le jeu de 50 h de durée de vie au rythme effréné et ultra stressant. Clairement, au prix Steam, je dis oui, au prix Switch, seulement pour les plus amoureux d'horreur cosmique !
LES PLUS
- Graphismes convaincants
- Jouabilité bien pensée
- Des puzzles plaisants
- Vibe Game Boy – un point qui ne parlera probablement qu'aux plus vieux –
LES MOINS
- Sound design parfois agaçant
- Tarif trop élevé
- Durée de vie peu convaincante
- Jeu d'horreur qui ne fait pas peur ni ne met mal à l'aise
ca a l’air special, mais j’aime bien
Le jeu vaux le détour mais sa durée de vie pour son prix… Faut attendre une chtite solde ! ^^
Y a trop de noir dans les tableau… Dommage 🙁