L’univers imaginé par H.P Lovecraft est immense et est une source inépuisable d’inspiration en tout genre. Musique, cinéma, peinture, jeux de société, le culte de Cthulhu est partout. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est le jeu vidéo, et justement, depuis maintenant quelques années, les jeux inspirés par l’imaginaire de l’écrivain défilent sur nos tendres consoles. Nous sommes aujourd’hui en face d’un point ’n click basé précisément sur les mythes de Lovecraft. Depuis son annonce au mois de juin, le jeu s’est montré dans des trailers plutôt alléchants. Flirtant avec l’horreur et le fantastique, le jeu nous plonge dans la folie si chère à l’auteur. Ce nouveau voyage dans les contrées du rêve sera-t-il assez convaincant pour nous donner envie de se perdre dans les méandres de la folie ? Réponse dans ce test de Desolatium .
Cauchemar à Innsmouth
Comme dans tout bon écrit de l’auteur, l’histoire de Desolatium va nous proposer un récit avec une intrigue somme toute ordinaire mais flirtant discrètement avec le fantastique jusqu’à sombrer dans l’horreur pure. Ici nous enquêtons sur la disparition d’une personne. Cette enquête se fera à travers les yeux de quatre personnages différents, possédant chacun son intrigue. 1ᵉʳ point positif : ces différents personnages auront un récit propre. Même si au départ rien ne semble avoir de lien, le tout va petit à petit s’imbriquer jusqu’à former une histoire cohérente un peu à la manière des Rivières Pourpres. On doit bien se l’avouer, c’est un réel plaisir que de suivre les différents personnages et de voir les éléments se mélanger et former un tout, nous plongeant alors encore plus dans cette folle intrigue.
D’ailleurs cette histoire est fort bien écrite et les documents que nous trouverons durant nos recherches seront tous en relation avec des œuvres de Lovecraft – normal me direz-vous. Mais tous les jeux inspirés par l’auteur ne le font pas, ici nous sommes dans un grand fan service qui fera plaisir tant les références sont nombreuses. Ce fameux plaisir demeurera durant toute l’intrigue, qui nous tiendra en haleine sur à peu près 6 à 7 heures de jeu. Cela est court, mais le soft nous permet tout de même de recommencer l’intrigue avec cette fois-ci des choix différents ; car oui, le jeu nous propose à certains moments d’effectuer des choix, qui même s’ils n’ont l’air de pas grand-chose sur le moment, vont grandement changer le cours des choses et notamment les diverses fins, qui seront de trois au total. Bref, la rejouabilité est très bonne pour les joueurs voulant s’immerger encore un peu plus dans la folie.
La couleur tombée du ciel
Cette fabuleuse immersion se fera d’ailleurs très sobrement, puisque Point ’n Click oblige, nous ne contrôlons pas les déplacements de notre personnage mais seulement la caméra dans des environnements photoréalistes qui d’ailleurs, de par leur côté réaliste, se montrent diablement magnifiques. Les lieux regorgent de détails, documents, objets, tableaux, tout est mis en œuvre pour nous plonger plus efficacement dans ce récit de plus en plus lugubre et fou. Toujours parce que nous sommes dans un point ’n click, le gameplay sera extrêmement simple et épuré de toute autre chose. Nous aurons un menu d’objets, un pour les documents et c’est fini. Nous aurons des énigmes à résoudre de plus en plus complexes, sans pour aller non plus jusqu’à l’arrachage de cheveux. Quoi qu’il en soit, ce gameplay épuré de tout autre détail ne nous freine pas et ne fait qu’attiser encore plus notre soif de découverte de Desolatium .
Pour en revenir à nos scènes où se déroulent l’action du jeu, celles-ci sont très variées et permettent au joueur de se retrouver dans des lieux parfois accueillants, d’autres fois glaciaux ou encore glauques. Mais peu importe la scène où nous nous trouvons, il y aura toujours ce sentiment d’oppression, de mystère et de folie si caractériels de l’artiste. Pourtant parmi ces grands décors fabuleux que nous visitons, nous aurons plusieurs reproches à faire. Premièrement, le jeu ne donne aucune indication, ne comptez pas sur un mode facile, puisque de toute façon aucun mode de difficulté n’est présent, mais là n’est pas le souci. Non, le problème est que nous n’avons pas d’indicateur de ce que nous devons chercher, nous sommes parachutés dans un décor, nous tournons la caméra et devons déplacer notre curseur sur tout ce qui nous semble intéressant. Si dans certaines scènes cela se passe très bien et que nous trouvons rapidement ce qu’il nous faut, dans d’autres, notamment la scène de la bibliothèque, c’est un véritable cauchemar. Deuxièmement, le tactile.
Cet outil fort utile, qui pour un point ’n click est – nous paraît-t-il – vital, est ici absent ; enfin non pas totalement puisqu’il sera possible de l’utiliser mais impossible d’accéder au menu de jeu pour visualiser nos objets et documents. Cela est fort dommage pour la jouabilité du titre. Enfin troisièmement, les modèles de personnages que nous rencontrons et les écrans de changement de personnages. Pour ce qui est des écrans de changements de personnages, les graphismes changent du tout au tout, nous passons ainsi de graphismes photoréalistes à un genre de bande dessinée digne d’Andy Warhol. Même constat pour les portraits des personnages lors des dialogues qui auront la même patte graphique. Cela va peut-être plaire à certains, mais pourrait déconcerter les autres et les faire sortir de l’ambiance si réaliste de Desolatium . Pour notre part nous avons adoré ce parti pris graphique, donnant au titre un aspect un peu plus fou. Pour ce qui est des personnages in game que nous rencontrons, graphiquement ce n’est pas vraiment fameux, on sent que là-dessus le moteur semble daté. Fort heureusement cela n’entache pas la qualité globale du titre.
La musique d’Erich Zann
Après avoir parlé graphismes, parlons bande son. Là-dessus aussi nous sommes follement gâtés. Nous avons droit à une bande son discrète mais qui du coup se montre très oppressante, ce qui fera grimper ce sentiment d’insécurité et de malaise. Mais le plus gros point fort au niveau de la bande son, est son audio ambisonique, une technique de capture, de synthèse et de reproduction de l’environnement sonore. Comprenez par là que le son est enregistré à 360 degrés, donc par exemple un téléphone qui sonne nous l’entendons de mieux en mieux en nous en approchant le plus possible, et cela marche aussi en faisant simplement tourner son personnage. Ce procédé audio permet au mieux de s’immerger totalement dans le jeu et pour cela privilégier absolument un casque audio, sous peine de passer totalement à côté de toute l’ambiance du titre. Se retrouver dans une maison abandonnée et entendre des petits bruits par-ci par-là vous donnera à coup sûr des frissons.
Cerise sur le gâteau, Desolatium est intégralement doublé en anglais avec bien entendu sous-titres français.
Desolatium est disponible uniquement sur l’eShop de la Nintendo Switch.
Conclusion
Desolatium est un point ’n click nous immergeant totalement dans l'univers si dérangeant de Lovecraft. Que ce soit les graphismes style BD ou encore plus ceux en photoréalisme, c’est un plaisir fou de visiter chaque scène du jeu. L’histoire est digne des écrits du maître, nous nous plongeons avec joie dans ce récit constitué de 4 personnages jouables différents dont les trames si différentes de base s'imbriquent dans un tout. Dans Desolatium, que ce soit les environnements traversés ou la bande son magistrale, tout est fait pour nous faire vivre un voyage oppressant et terrifiant aux côtés de celui qui chuchote dans les ténèbres.
LES PLUS
- Les graphismes photoréaliste
- Les graphismes style BD…
- La durée de vie avec bonne rejouabilité…
- L’histoire prenante
- 4 personnages
- La bande son oppressante
- L’audio ambisonique
- Les références à tout ce qui touche à l’auteur
- Des choix qui ont un impact
- Plusieurs fins
- Traduit en français
LES MOINS
- Qui ne peut pas plaire à tout le monde
- Peut-être trop court pour d’autres
- Le modèle 3D des personnages in game daté
- Le tactile pas totalement présent
- Manque d’indication