Nous nous retrouvons aujourd’hui pour le test d’un jeu indépendant, Legend of the Skyfish, faisant bonne suite à Métagal précédemment paru sur le site, puisqu’en effet, nous sommes encore une fois sur un portage de Ratalaika Games.
Concernant le studio de production, il s’agit des Brésiliens indépendants de chez Mgaia studios (Mother Gaiya Studios) dont le titre est déjà paru en 2016 sur smartphones, puis en 2017 sur les machines de salon sous Windows et MacOS.
Vous l’aurez compris, il s’agit d’un réfugié du genre décrié des jeux Smartphones. Revu et corrigé pour une maniabilité adaptée à l’utilisation d’une manette, le titre se voit simplifier l’usage général du jeu, en comparaison à ses versions Android-IOS. Sur le papier, nous avons un jeu d’Action et de Puzzle, nous proposant 45 niveaux uniques se déroulant par tranches de quinze, dans trois mondes différents. On nous promet des « mécaniques uniques de canne à pêche » ainsi que de « nombreux puzzles » et des « combats de boss épiques ». Une annonce d’autant plus alléchante quand on voit que le jeu met en avant son artiste audio, et ses décors peints à la main. Mais dans les faits, qu’en est-il au juste ?
Pour commencer ce test, je vais me permettre de revenir sur l’argument des décors peints à la main : ce qui peut autant vendre du rêve à certains, comme en crisper d’autres. Si vous faites plutôt partie de la première catégorie, alors le jeu vous offrira satisfaction dès la cinématique d’introduction, mais sans être pour autant totalement vous envouter. La présentation fait beaucoup penser à un Yoshi’s Island avec son tableau rectangulaire stylisé et sous-titré, un style graphique très sympa, quoi qu’un peu enfantin mais au demeurant très joli.
Malheureusement, ce ne sera que le côté visuel qui fera bonne impression : la musique est d’une discrétion absolue et la voix féminine narrant les faits, en anglais, est d’une monotonie assommante. Une belle musique plus présente aurait largement suffi, d’autant plus que le texte sous-titré en français apparaît suffisamment lentement pour permettre d’en lire l’intégralité ! Idéal pour les lecteurs peu rapides, on pense aux enfants ou aux personnes atteintes de dyslexie par exemple. On se serait donc aisément passé d’un doublage moyen, au profit d’une ambiance plus marquée musicalement.
On ne se décourage pas : la cinématique va donc vous raconter brièvement l’histoire de ce peuple de pêcheurs qui, à l’image des nains du seigneur des anneaux, ont pêché trop profond et avec trop d’avidité. Au point d’en réveiller l’antagoniste principal du jeu éponyme : le terrible Skyfish ! Lui et ses mutants des abysses capturent et asservissent les pêcheurs, alors que votre héroïne principale tombe à l’eau en tentant de garder sa liberté. Elle est alors sauvée par la gardienne des océans, Moonwhale, une baleine, qui charge un petit poisson ailé de vous suivre pour vous aider, par exemple, à déterminer la présence de coffres. On remarquera rapidement que cette boule jaune avec de petites ailes blanches vous suivant ou que vous alliez, parfois en léger décalage, est très fortement inspirée d’une certaine fée apparaissant dans la licence d’action aventure d’un blondinet nommé Link. Sans dire qu’on s’y attendait, on se doute maintenant de la ligne directrice du jeu sous son appellation d’action-jeu-de-puzzle. Petit clin d’œil aux ennemis de la cinématique, ressemblant fortement à des Murlocks.
Vous allez donc conduire la jeune fille au travers de trois archipels de 15 îles chacun. Elle devra alors détruire les totems des envahisseurs, et vaincre les dirigeants de chacun des groupes d’îlots surprotégés, mais pourtant exempts de toute construction. En clair, vous aurez 14 niveaux puis un boss fight.
Le jeu s’articule autour de mécaniques assez simples : vous avez une commande d’attaque qui est affiliée à pas moins de six boutons différents (A, B, X, Y, L, ZL), évitant ainsi les touches fantômes et l’oubli des commandes si vous laissiez le jeu de côté trop longtemps. Cette commande unique servira donc, selon les situations, à donner des coups pour repousser ou vaincre des ennemis, ouvrir des coffres, abattre les fameux totems, et permettra aussi d’actionner des leviers et de renvoyer des projectiles.
Vous aurez de plus une commande de « canne à pêche » vous permettant de vous saisir à distance de vos ennemis et de les étourdir au passage. La saisie pouvant être esquivée par certains ennemis lorsqu’ils vous voient, d’autres pouvant s’en protéger, selon le type d’opposant. Pour utiliser cette fonctionnalité, il vous faudra diriger la trajectoire via le stick analogique droit, et envoyer la ligne grâce à la gâchette « r ». Notez cependant que l’absence de verrouillage fait que le moindre écart vous fera viser à côté. Même si vous vous y ferez vite, cela reste très agaçant et semble bien peu intuitif dans les premiers instants, la commande aurait-elle été plus aisée avec d’autres boutons ? Bien sûr, l’important est que le tout reste jouable, ainsi il vous viendra peut-être à l’esprit que cette commande est initialement pensée pour de petites mains. Un peu comme la complexité des puzzles et des combats, qui, en toute honnêteté, relève du jeu pour enfant simplet ou excessivement jeune : jamais il n’y aura de véritable challenge, du début à la fin du jeu.
Pour résumer, on comprend vite l’essentiel des touches et on est très aisément aiguillé dans leurs différents usages. A noter que toutes les possibilités n’apparaissent d’ailleurs pas dès le premier stage, ni dans le premier tableau. Le jeu, par certains de ses aspects, sait se renouveler : on découvre régulièrement soit un nouveau type de sbire, soit un nouveau genre de mécanique d’énigme ou encore une nouvelle variante de piège. Cette idée de renouveau constant n’en rend pas moins le jeu parfois long, malgré sa trop faible durée de vie.
En avançant dans les premiers niveaux, on se rend malheureusement compte de quelques petits défauts. Par exemple, les décors peints à la main, c’est bien, mais quand on peint le personnage de dos ou de face, c’est mieux ! En clair ? Quand vous allez vers le haut de la carte, votre personnage reste de côté, idem lorsque vous allez vers le bas. C’est à la fois perturbant et gênant lors d’affrontements. N’oublions pas les antagonistes standards, qui ressemblaient à des Murlocks dans la cinématique d’ouverture mais qui n’ont plus rien à voir dans le jeu ! Au point où l’on se demande si ce sont eux ou leurs fameuses « copies » dans les îles des archipels suivants, et si nous allons même les rencontrer dans le jeu à nouveau. La réponse est non. Encore une fois, il est regrettable de tabler sur un univers graphique et de ne pas réussir à faire les choses à fond.
Quant à la bande-son, je l’ai personnellement trouvé à la fois discrète et fidèle à l’âme du jeu, à savoir reposante et malheureusement aussi, oubliable. Pourtant, nous avons à l’œuvre un certain « Sean Beeson » qu’on retrouve sur du Epic Mickey, Empires Apart et bien d’autres. De fait, on ne s’étonne pas que la musique soit en accord général avec le jeu mais on regrettera qu’elle ne le porte pas mieux comme sur d’autres de ses travaux. Rendant le tout plus proche d’une berceuse que d’un conte homérique, qu’il fut pour enfant ou pas ! L’un n’empêchant pas l’autre. Un petit crève-cœur pour un jeu qui avait pourtant une identité graphique originale plutôt agréable. Peut-être trop pour que le compositeur parvienne à se l’approprier ?
Revenons maintenant sur la difficulté, qui est quasiment inexistante, à aucun moment on ne se voit acculé dans un coin à attendre que l’orage passe, en PLS à cause d’une énigme de prime abord trop complexe ou d’un timing difficile. Par ailleurs, les tableaux ne seront jamais ultras fournis en ennemis. Ai-je évoqué la vie ? Sous forme de cœur comme dans un Zelda, vous perdrez un cœur à chaque coup subit, mais à chaque checkpoint vous regagnez tous les cœurs de la barre de vie. Et vous trouverez des items régénérant votre vie, ce, même avant ses nombreux checkpoints ! Le point le plus sensible reste notre grand méchant et ses deux généraux : les patterns des Boss de chapitre ne demanderont pas au-delà de cinq secondes d’analyses pour être compris, on est bien loin de l’epicness revendiqué sur la page du store de la Switch. Vous vous souvenez ? « Combats de boss épique », et bien le pauvre Skyfish ne fera pas long feu face à vous et votre super canne (et face à sa propre absence de dangerosité), n’envoyant jamais d’ennemis et n’usant même pas des mécaniques apprises dans les niveaux, sinon de celle surexploitée des déplacements entre îlots grâce à la canne. De ce fait, après avoir roulé sur le boss final comme la mamie du supermarché vous passe devant à la caisse du supermarché, le jeu se clôturera sur une scénette du même type que celle du début. En plus courte. Vous avez fini le jeu, et une étrange impression de tutoriels enserre votre gorge. On attaque le vrai mode histoire maintenant ?
Conclusion
En conclusion, c'est un coup dans l'eau pour l’héroïne de Legend of the Skyfish, le jeu est simple, très simple, très très, trèèèès simple ! Même sans être doué en énigmes, il se finit d'une traite, en cinq, peut-être six heures de jeu. Ainsi, il conviendrait probablement en première approche du jeu vidéo pour votre plus jeune ou votre petit frère, au maximum neuf ou dix ans même si cela semble déjà assez tardif pour éprouver un réel défi face à un jeu aussi accessible. Nous sommes plus face à une fable qui se raconte, mais avec quelques longueurs, et une absence de texte et de mises en situation (en dehors de la première et la dernière cinématique). De la fable il n'en reste donc pas grand-chose et du puzzle game, tout juste une expérience sympathique mais sans aucun sentiment de fierté à résoudre les énigmes. Dans le genre jeu pour jeunes enfants, il vaut cependant mieux que Théâtre Tale, dont vous pouvez retrouver le test sur Nintendo Town. De ce fait, et pour conclure, quitte à donner un jeu de réflexion à votre marmaille, envisagez plutôt un Zelda.
LES PLUS
- Identité Graphique
- Son prix
- Un contenu décent pour son prix
- En Français
- Jeu accessible (mais...)
LES MOINS
- (...Mais) Trop facile
- Le joueur est-il pris au sérieux ? (La vie quasi' infinie)
- Narration trop faible
- Bande son oubliable
- Quelques approximations graphiques
Est-il simple comme jeu ? :3
C’est destiné aux enfants ^^ »
un an plus tard Tic et Tac sur NES est simple mais demande parfois de recommencer et de skiller, réfléchir, là, non. C’est une longue ligne droite caricature 🙂