Parfois, alors que nous trempons délicatement notre pain soigneusement confituré dans notre Nesquik, nous posons un œil absent sur les remous provoqués par cette plongée dans notre boisson chocolatée et nous nous demandons qu’elles sont les remous que nous, nous provoquons dans cette société qui file tel un cheval fou vers un but que seule une tortue portant quatre éléphants sur son dos semble entrapercevoir. Bref, nous cherchons un sens à notre vie et bien les frangins développeurs de Kayabros nous offrent une virée introspective avec leur dernier titre Soul Searching.
Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quelle étagère ?
Dans Soul Searching, nous incarnons un îlien en recherche d’un but dans la vie et pour cela, il devient Soul Searcher. En quoi cela consiste, ben personne ne le sait réellement vu que le dernier Soul Searcher a vécu il y a bien longtemps. Mais pour le découvrir, nous allons partir sur notre pauvre rafiot craquant de la coque au pont et nous explorerons les confins du monde pour obtenir les réponses à nos questions existentielles. Durant notre voyage, nous pourrons rencontrer puis discuter avec d’autres habitants d’autres îles qui nous feront part de leur propre problème. Nous pourrons aussi découvrir des esprits échoués qui nous remercieront de notre visite en nous donnant des pouvoirs magiques. Nous aurons enfin des visions d’un monde dystopique dans lequel les gens sont stressés par leur travail, s’empilent dans des boites métalliques et n’arrivent plus à communiquer entre eux (vraiment quelle imagination ces développeurs).
Durant ce périple, il nous faudra gérer notre faim, notre soif et notre énergie. Si l’une de ces trois barres tombent à zéro, nous achèverions là notre voyage initiatique sans connaître la réponse à la grande question sur la vie l’univers et le reste (c’est 42 pourtant, c’est facile…). Pour en terminer avec les aléas de notre voyage, il nous faudra surveiller les quelques créatures qui hantent cette vaste étendue saline ainsi que partir nous baigner pour récupérer divers éléments (des pièces quoi) dans l’eau.
Sur le papier ça semble assez complet pour offrir une expérience assez complète. Le problème, c’est que tout est survolé et rien n’est vraiment à la hauteur des attentes. La partie voyage d’île en île est peut-être la plus agréable. Il faudra d’abord gérer les rames pour pouvoir faire avancer notre barque, puis récupérer de quoi l’améliorer, de quoi se nourrir et de quoi boire. Nous aurons aussi la possibilité de pêcher pour échanger nos glanages contre de la monnaie. Malheureusement, tout est bien trop facile. Comptez 90 minutes pour venir à bout de l’histoire en parcourant les 7 grandes îles et en ayant visité 2 esprits sur les 3. Pendant ce court temps, jamais notre jauge de faim ou de soif ne nous a vraiment inquiétés. Il suffit de faire le plein sur chacune des grandes îles pour aller jusqu’à la suivante sans aucun souci. Pourquoi ajouter cette feature au gameplay si elle n’est jamais exploitée ?
Soul Searching est donc un jeu assez narratif. Mais là encore, le trait est assez grossier. Là où des jeux comme Rime ou Gris se concentrent sur un thème et tentent, avec brio, d’en faire un voyage initiatique. Le titre de Kayabros aborde de nombreux aspects de la vie moderne, tel que l’aliénation à son travail, la pollution ou l’absence de communication entre les gens, mais sans finesse. C’est évoqué via une courte réminiscence de notre personnage ou un dialogue encore plus court … et c’est tout. Il n’y a aucun intérêt à évoquer ces problèmes si c’est pour en rester là. D’autant plus que les pnjs semblent bloqués dans leur problème et ne cherchent aucune solution pour s’en sortir. Si le sens de la vie, c’est d’être en dépression, ben autant jouer à Kirby, au moins nous en sortirons avec des étoiles dans les yeux.
Soul Searching propose, en plus du mode histoire classique, un mode random dans lequel nous tentons d’atteindre le même but, mais cette fois avec des îles placées au hasard et surtout proposant cette fois un voyage en équipe. Ça n’apporte pas grand-chose au titre, la gestion des denrées ne pose toujours aucun problème et la carte nous aidera toujours à nous déplacer sur ce vaste océan.
Enfin, vous aurez la possibilité de participer à 7 petites histoires mettant en scène un travers de notre époque. Ces petites histoires se déroulent sous la forme de mini-jeux et abordent des thèmes comme le jeu vidéo ou l’attirance physique. D’un point de vue du gameplay, ces mini-jeux sont proches du degré zéro de l’amusement. La plupart du temps, il suffit d’appuyer sur un bouton et de lire les lignes de textes qui défilent. Et du point de vue du contenu, c’est toujours lénifiant de facilité.
Parlons maintenant technique. Le mode histoire se déroule dans un monde créé dans un pixel art de qualité assez détaillé et bien animé. Chaque île a son propre code pour accentuer le malaise de ses habitants. Du gris pour ceux souffrant de la pollution ou du sombre pour ceux vivant dans une caverne (coupé du monde, salut à toi Platon). Cela renforce à chaque fois le message que cherchent à faire passer les développeurs. Les histoires courtes, elles, sont un prétexte au portnawak graphique. Ça part dans tous les sens, du crayonné d’une gamine de 5 ans à une 3D digne de la NES. Il est clair que le propos est plus important que la forme.
La musique est un gros point fort du titre de Kayabros : Très mélancolique avec ses airs de guitare acoustique parfois accompagnée d’accordéon. Elle colle parfaitement à nos déambulations métaphysiques et à la tristesse générale qui se dégage du titre.
Conclusion
Cherchant à pointer les dérives de notre société de consommation où l’être humain passe trop sou-vent au second plan et où la recherche du bonheur n’est plus qu’un slogan sur des boites de céréales. Soul Searching est un jeu narratif assez mélancolique qui vire trop souvent à la leçon de morale, mais qui n’apporte rien de vraiment profond dans son propos. Son gameplay est assez sommaire et sa du-rée de vie trop courte ne permet pas de s’intéresser réellement aux errements de notre protagoniste. Kayabros ne réussit qu’à fournir un titre réunissant tous les poncifs dignes d’un forum 11-18 sur mavieesttropnul.com. Et c’est dommage, car son titre jouit d’une atmosphère, mélangeant pixel art et air de guitare mélancolique, assez réussi.
LES PLUS
- Les musiques à la guitare sont vraiment une réussite
- Les graphismes et les animations en pixel sont de qualités
- Les sujets abordés sont intéressants…
LES MOINS
- … mais il y en a trop et ils ne sont que survolés
- Trop de poncifs exploités sans réelle réflexion
- Les mini jeux n’offrent aucun gameplay
- Assez court
- La composante survie est sous-exploitée