Ikai, sorti le 29 Mars 2022, développé par le studio barcelonais Endflame et édité par PM Studios, est un jeu indépendant d’horreur en vue à la première personne. Il est sorti sur Nintendo Switch, Steam ainsi que sur PS4 et PS5. C’est le premier jeu de cette équipe de 3 personnes. Pour ce test, nous avons joué à la version Switch sur une console OLED en mode portable et en mode docké. Alors, ce jeu va-t-il nous faire frissonner ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir.
Ainsi commence l’histoire
Dans ce jeu, nous incarnons Naoko, jeune prêtresse vivant avec son oncle dans un sanctuaire perdu au milieu de nulle part à l’époque du Japon féodal. Notre protagoniste passe son temps à aider son oncle dans les tâches quotidiennes. Mais tout bascule le jour où Naoko veut laver le linge à la rivière, en dehors de l’enceinte du sanctuaire : elle tombe inconsciente sur la route et à son réveil, elle voit un bol rempli de son sang et ressent la présence d’esprits malins : selon elle, la porte des enfers a été ouverte. Un malheur n’arrivant jamais seul, c’est pile-poil le moment qu’avait choisi son oncle pour partir en voyage. Elle sera donc désignée volontaire pour apaiser les yokai attaquant son sanctuaire. Nous n’en dirons pas plus à propos de l’histoire pour éviter de vous divulgâcher le scénario.
Que doit-on faire alors ?
Vu la tournure qu’a pris le scénario, vous aurez rapidement compris le but du jeu : apaiser les yokai. Pour ce faire, il faudra trouver un objet maudit et lui appliquer un sceau purificateur. Simple non ? Eh bien pas vraiment, car notre héroïne n’a pas passé son master en brutasserie. Donc oubliez rapidement l’idée de vous battre, vous ne pouvez pas dans ce titre. Vous devrez enchaîner des phases de furtivité, de course et de dessin… Vous n’avez pas rêvé, nous parlons bien de dessin, mais pas n’importe lesquels : vous dessinerez des sceaux purificateurs. Pour cela, il vous faudra un pinceau et une table et vous devez reproduire le modèle. Et bien sûr, il faudra faire ces actions en évitant les différents esprits, car ils veulent vous tuer et s’ils vous attrapent, c’est la mort assurée. Pour éviter ça, une seule solution : la fuite. Vous pourrez appliquer cette tactique de 2 manières : en vous cachant (vous pouvez appuyer sur le bouton B pour vous accroupir, ce qui vous permet d’atténuer le bruit de vos pas et de se cacher dans certains endroits) ou en courant le plus rapidement possible (en appuyant sur le bouton ZR).
Mais nous n’avons pas encore parlé d’une autre partie du jeu : les énigmes. Vous aurez des énigmes pour ouvrir des portes, protéger une pièce du sanctuaire… Il y en a peu dans le jeu, mais elles ont l’avantage de ne pas se répéter et certaines sont plutôt originales. Le seul bémol de celles-ci, c’est qu’elles sont parfois très cryptiques et le hasard permet d’en résoudre quelques-unes plus rapidement qu’en essayant de chercher à la comprendre. Vous avez aussi la possibilité de saisir des objets (bouton A) et de les retourner dans tous les sens (avec le stick gauche) pour trouver des indices ou obtenir des objets à collecter afin d’en apprendre un peu plus sur le lore et sur différents Yokai. Ces objets sont secondaires et n’affectent pas la trame principale, ils sont juste là pour les gens qui aiment terminer les jeux à 100%. Au niveau de la prise en main, le jeu répond bien aux actions, mais la surabondance d’objets fait qu’il est parfois difficile de choisir précisément celui qu’on souhaite examiner. Les portes et les tiroirs aussi peuvent être parfois un calvaire à ouvrir, car il faut à la fois rester appuyé sur A et utiliser le stick pour l’ouvrir dans le sens qu’on souhaite, ça en devient très vite rébarbatif.
Et l’ambiance dans tout ça ?
Le jeu a la bonne idée de nous mettre dans un huis clos, ce qui renforce la sensation de claustrophobie. Vous ne verrez que 3 types d’environnement : la forêt, les grottes et le sanctuaire. La majeure partie de l’aventure se passe au sanctuaire, vous apprendrez vite à connaître le lieu pour échapper aux yokai qui vous guettent. Le rythme du jeu est vraiment bien géré, les différentes phases de gameplay s’enchaînent plutôt bien pour vous laisser le temps de respirer quelques secondes avant de replonger dans l’action. Le fait que notre protagoniste passe son temps à fuir et se cacher aide aussi à l’immersion. Pour ce qui est des yokai, on tombe sur des phobies assez « classique » : arachnophobie, ophiophobie, thanatophobie, etc… C’est dommage, le bestiaire des yokai est tellement vaste et nous aurions aimé voir le jeu pousser un peu plus dans ce sens comme, par exemple, avec la carpophobie. Mais le bestiaire est très peu exploité et le nombre d’affrontements est plutôt faible. Quelques jumpscares sont aussi à noter, mais le jeu n’en abuse pas, ce qui n’est pas plus mal. L’histoire va droit au but, mais sacrifie l’attachement que l’on pourrait porter à notre protagoniste. Et ce ne sont pas ces quelques lignes de dialogues qui vont nous y aider, surtout dans les phases de réflexion où elle répète toutes les 2 minutes la même phrase en boucle, ça a le don d’agacer rapidement.
Au niveau de la bande-son, il n’y que très peu de musique, tout se passe au niveau des bruitages : un parquet qui grince, un bruit de porte qui se ferme, des griffes qui s’entrechoquent… Encore une fois, du très classique, mais ce n’est pas non plus inefficace. Le jeu est doublé en anglais et en japonais et les 2 sont plutôt agréables.
Passons maintenant à la partie technique : le jeu pêche énormément sur cet aspect-là, les textures ne sont pas spécialement attirantes et une impression de flou vient se rajouter, ce qui est parfois très handicapant pour résoudre certaines énigmes. Le downgrade pour porter le jeu sur Switch n’aide pas non plus et on a l’impression que le jeu tourne au ralenti. Les rares cinématiques du jeu font vraiment pauvres. Le jeu est sombre graphiquement, très sombre, voir trop sombre par moment. Fort heureusement, nous pouvons ajuster le gamma, mais nous perdons en immersion en contrepartie. Il y a tout de même des jeux de lumière assez intéressants à noter (en particulier, le passage avec la lampe). Quelques bugs de textures sont à noter, mais ils ne sont pas gênants.
Conclusion
Ikai est un petit jeu d’horreur que vous ne ferez qu’une fois et que vous rangerez une fois terminé. Sa durée de vie oscille entre 4 et 6 heures, ce qui est un peu court. Il dispose d’une traduction française très correcte, ce qui est appréciable. Même si son histoire n’est pas des plus captivantes, il propose une ambiance simple, mais efficace avec une bonne mise en scène, ce qui arrivera à vous faire sursauter par moment. Le jeu propose pas mal de choses intéressantes, mais certaines idées sont parfois très mal exécutées. Si vous êtes fan d’horreur, nous vous recommandons ce jeu, mais nous vous conseillons d’attendre une promotion, car le prix de lancement à 14,99 euros est un peu élevé par rapport à ce que nous propose le titre.
LES PLUS
- Des énigmes intéressantes…
- Un bon rythme de jeu
- Une prise en main facile
- Une traduction française correcte
- Un doublage réussi
- Une ambiance plutôt réussie
LES MOINS
- … Mais parfois le hasard est plus intéressant pour les résoudre
- L’aspect technique est en dessous de ce que peut faire la console
- Trop court
- Un bestiaire peu exploité