La sortie d’un DLC est toujours scrutée par les joueurs. Que ceux-ci se situent du côté des fans inconditionnels d’une licence ou du côté des haters assumés, l’occasion d’assouvir leur passion pour la mauvaise foi est trop belle pour être mise en sourdine. L’arrivée de ce DLC de Resident Evil Village, nommé Winter’s Expansion, ne va pas venir calmer les débats puisque, avec un prix de 20 €, les ajouts ressemblent davantage à une démonstration de ce que pourrait être le futur de la saga qu’à un ajout dans la vie d’Ethan Winter. Voici pourquoi.
Les Ombres du DLC
Mais parlons d’abord contenu. Cette Winter’s Expansion apporte trois ajouts majeurs à l’expérience Resident Evil : la possibilité de basculer en vue TPS dans l’aventure principale, le mode mercenaire et enfin une suite lointaine de l’histoire de la famille Winter avec Les Ombres de Rose. Dans cet ajout, nous retrouvons Rosemary Winter, la fille d’Ethan, héros des deux précédents opus, alors âgée de 16 ans, ce qui implique qu’entre ce DLC et l’épisode canonique, il y ait un décalage de… 16 ans. Celle-ci n’a qu’une envie, se débarrasser des pouvoirs inscrits dans son code génétique par le mutamycète.
Bien évidemment, elle rencontrera un type louche qui va tenter de lui venir en aide, et bien évidement, pour tenter d’arriver à ses fins, elle va devoir revenir sur les lieux qu’a arpenté son père, à savoir le manoir Dimistrescu et la maison des Beneviento. Et le premier constat à faire est que ceux-ci ont été sérieusement modifiés pour devenir bien plus suintants et organiques. Finis les jeux de lumière étincelants qui apportaient un sérieux contraste avec les bas-fonds que nous explorions par la suite, tout semble maintenant infecté par une boue visqueuse. Bizarrement, le résultat n’est pas plus angoissant, juste plus tape-à-l’œil dans le sens gore du terme, si jamais celui-ci existe.
La seconde nouveauté dans cette histoire concerne notre héroïne. Finis les combats à l’arme blanche et aux armes de poing, Rose va peu à peu apprendre à manier ses pouvoirs, tout en continuant à utiliser de bonnes vieilles pétoires, ouf. Toutefois, il nous est impossible de nous sortir de la tête que ce mélange arme à feu / pouvoirs, rappelant fortement l’expérience procurée par Control, pourrait bien être l’une des orientations choisies par Capcom pour l’avenir de sa série.
Est-ce un bien ou un mal, l’avenir nous le dira. Toutefois, cette expérience-ci, malgré la prise en main d’une adolescente en pleine possession de ses moyens, ne cache pas la plus grande lourdeur de ses contrôles. Rose donne toujours l’impression d’être moins maniable que son paternel ou que les duos Léon / Claire et Jill / Carlos. Pourquoi cette comparaison ? Et bien, car pour diriger Rose, nous revenons à la vue TPS des deux remakes arrivés récemment sur Switch.
Le retour du TPS
Le résultat, comme la mise en place de la vue TPS pour l’expérience du jeu de base, est mitigé. Les environnements que nous parcourrons semblent moins conçus pour cette vue, se montrant plus étriqués et nous obligeant régulièrement à tourner sur nous-même pour trouver la voie à suivre. Toutefois cette perte en visibilité s’accompagne d’une tension plus importante, l’impression de toujours regarder par-dessus l’épaule marchant toujours aussi bien. Il est juste regrettable que les cinématiques de l’épisode principal soient, elles, toujours en vue FPS, nous faisant perdre ainsi régulièrement nos repères.
DLC oblige, hormis lorsque nous parlons de Xenoblade, cette histoire se boucle assez rapidement. Il faut compter un tout petit trois heures pour venir à bout de cette narration cousue de fils blancs qui ne nous surprendra jamais vraiment, et qui accumule les facilités pour ne pas avoir à justifier telle ou telle mécanique de jeu. D’ailleurs, l’ADN de ce RE a bien été modifié. Finie la recherche effrénée d’objets pour concevoir des munitions que nous nous garderons bien de gâcher. Ici, un esprit nous guide, nous pourvoit en balles et nous indique même le chemin. Qui est-il… suspense. Ou pas. Si nous conseillons grandement d’avoir fini l’épisode Village avant de commencer ce DLC, le fait justement de l’avoir fini rend les événements trop prévisibles.
Le bestiaire mis en place est lui aussi assez décevant, en dehors des boss, les monstres présents ne révolutionnent en rien l’expérience de jeu, les loups-garous ont été remplacés par les mangeurs de visage, et c’est tout. Si l’arrivée de notre pouvoir pouvait faire craindre une trop grande facilité, il n’en est rien. Car celui-ci consomme une énergie qui ne se régénère qu’avec l’absorption de sauge blanche, à défaut de nos balles, c’est donc lui que nous utilisons avec modération. L’équilibrage est bien présent et cette évolution paraît naturelle pour la série.
Mercenaire, ton devoir est sacré
Le dernier ajout de DLC concerne le mode mercenaire. Contrairement aux versions concurrentes, celui-ci n’est plus disponible à la fin du mode histoire de l’épisode de base, mais il arrive en même temps que les aventures de Rose. De fait, il n’est plus nécessaire d’avoir terminé le mode solo pour le débloquer, il suffit… de passer à la caisse, pas sûr que ce soit mieux en fait. Dans ce mode, nous allons devoir exterminer un nombre suffisant d’ennemis dans un temps imparti pour réaliser le meilleur score.
Pour cela, un système de scoring basé sur les combos et le temps est mis en place. Tuer tous les ennemis avec le moins de temps mort possible et le plus vite nous permettra ainsi de monter jusqu’au rang SSS pour ainsi débloquer différents succès et récompenses ainsi que le niveau suivant pour alors recommencer le même schéma. Si dans un premier temps, seuls Ethan et Chris sont jouables, nous pouvons débloquer Lady Dimitrescu et Heisenberg en obtenant respectivement un rang S ou A dans un niveau particulier ou sur l’ensemble des cartes.
Le challenge est donc le maître mot de ce mode dans lequel nous commençons par rencontrer le marchand pour dépenser la menue monnaie récoltée lors de nos précédents essais pour ainsi obtenir davantage de munitions. Puis nous recommençons ces niveaux jusqu’à avoir parfaitement optimisé notre parcours. Durant celui-ci, nous pouvons récupérer des orbes jaunes, qui nous ajoutent du temps et des orbes bleus qui nous apportent un bonus aléatoire, que ce soit en termes de dégâts, de santé ou d’effet explosif sur nos ennemis. Le résultat est un mode agréable, pour qui aime se frotter aux challenges proposés par des développeurs, mais qui se révèlent vite répétitifs pour tous les joueurs qui ne sont pas forcément intéressés par le scoring.
Conclusion
Si ce DLC n’apporte pas grand-chose aux aventures d’Ethan Winter, retrouver sa fille, 16 ans après les événements du château Dimitrescu, dans une histoire cousue de fil blanc et respirant la série Z et le jump scare, semble surtout un galon d’essai de la part de Capcom pour tenter une approche nouvelle de sa licence phare avec la mise en place de pouvoirs psychiques. Si l’équilibrage est bien présent en terme de gameplay, Rose se montre toutefois plus lourde à prendre en main et les environnements, repris de l’épisode de base, semblent peu adaptés au retour de la caméra épaule. Le mode mercenaire, quant à lui, est un plus qui ajoute une composante scoring à la licence, loin d’être indispensable, elle intéressera surtout les amateurs de challenge sans rien apporter à la narration.
LES PLUS
- L’ajout de la vue TPS plaira au puriste de la licence…
- Les mécaniques pouvoirs / armes sont bien équilibrées…
- Les graphismes de cette version Cloud sont toujours impeccables
- Aucun souci de latence ni de lag avec une connexion fibrée
- Les lieux de l’épisode de base sont d’un aspect bien différent et plus suintant
- Le mode mercenaire ajoute une composante scoring à la licence
- Ce DLC nous permet de jouer Lady Dimitrescu et Heisenberg en mode mercenaire
LES MOINS
- … mais elle n’est pas forcément toujours adaptée aux environnements plus restreints
- … mais elles cassent les codes de la licence
- Nécessite une bonne connexion internet
- L’histoire de Rose est cousue de fils blancs du début à la fin
- Ce chapitre supplémentaire est finalement assez court